dimanche 6 mai 2012

[IMMIGRATION] N'instrumentalisons pas l'immigration

SOURCE : CHERBIB <cherbib@gmail.com>
Envoyé le : Jeudi 3 mai 2012 12h26
Objet : [sidibouzid-solidarite] Libé : N’instrumentalisons pas l’immigration Tribune 02.05.2012

http://journal.liberation.fr/publication/liberation/917/#!/0_22
Bonjour,

Cherbib vous invite à lire cet article :
N’instrumentalisons pas l’immigration
Toute l'actualité avec Liberation.fr

Tribune 02.05.2012
N’instrumentalisons pas l’immigration

Si la gauche, dans toutes ses composantes, a su convaincre une
majorité d’électeurs - parmi lesquels de nombreux habitants des
quartiers populaires et/ou issus de l’immigration -, c’est parce
qu’elle a marqué son rejet du bilan désastreux des cinq années de
Nicolas Sarkozy. Parce qu’elle a commencé à pointer les vraies causes
des problèmes économiques et sociaux (dont les conséquences sont
supportées par la grande majorité des Français), mais également parce
qu’elle s’est prononcée sur les questions sociétales et, entre autres,
sur sa volonté d’accorder aux étrangers non-communautaires le droit de
vote aux élections locales. En accordant majoritairement leurs
suffrages à la gauche et à François Hollande le 22 avril, une majorité
d’électeurs s’est clairement prononcée pour une société fondée sur
plus de justice et plus d’égalité.

En cette veille de second tour, il y a lieu d’être vigilant face aux
dangers de dérives xénophobes. La course aux voix des électeurs du FN
peut y conduire.

Il y a d’autant plus lieu d’être vigilant que ces dérives ne sont pas
le fait des seuls politiciens de droite. Nos craintes sont aussi
ailleurs. Que de fois, en d’autres circonstances, n’avons-nous été
trompés non seulement par les promesses non tenues (Mitterrand en
1981), mais aussi scandalisés par les déclarations inqualifiables
selon lesquelles l’extrême droite «posait les bonnes questions mais…».

Nos craintes sont d’autant plus fondées si l’on se réfère aux récentes
déclarations de certains responsables du Parti socialiste n’hésitant
pas à affirmer que des habitants des quartiers populaires souffrent de
l’insécurité, «souffrent d’une immigration clandestine non maîtrisée».
Les mêmes «émettent des doutes» quant au droit de vote ou à la
nécessité de régulariser les sans-papiers.

Nous n’acceptons pas que les questions liées à l’immigration soient
ainsi manipulées à des fins électoralistes. Revenir sur les promesses
et les propositions des candidats, c’est non seulement trahir la
confiance de millions d’électeurs qui ont voté pour la gauche mais,
qui plus est, cela n’aidera pas à gagner les électeurs du FN. Les
raisons du désarroi et de la désespérance des millions de gens qui se
sont soit abstenus, soit prononcés pour le Front national sont à
chercher ailleurs. C’est le modèle ultralibéral et le système
financier dominant qui ont fini par déposséder les pays et les Etats
de leur souveraineté ainsi que les peuples et les gens de leur
citoyenneté réelle. Plutôt que de s’en prendre à l’idée d’accorder le
droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales,
n’y a-t-il pas lieu au contraire de revendiquer encore plus de
citoyenneté, premier pas pour recouvrer plus de souveraineté pour tous
et toutes ?

Nous mettons en garde toutes celles et tous ceux qui seraient tentés
par les dérives démagogiques et les anathèmes contre les immigrés en
vue de gagner les suffrages des électeurs FN. Ils risquent de perdre
ceux-ci ainsi que l’âme et la confiance de ceux et celles qui les ont
soutenus.

Tout en restant extrêmement vigilants et fermement opposés à ces
amalgames et instrumentalisations des immigrés, nous sommes conscients
de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre fin au
quinquennat désastreux de Nicolas Sarkozy sur le plan économique,
social et surtout moral en matière de respect des droits de l’homme et
d’égalité des droits. C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation
générale et citoyenne pour voter François Hollande. Mais nous
veillerons à ce qu’une fois élu - ce que nous souhaitons - , celui-ci
demeure fidèle à tous ses engagements.

Premiers signataires : Sophie Bessis Economiste Tarek Benhiba, Najet
Mizouni Professeur de droit public Mohsen Dridi Militant associatif
Alima Boumediene Ancienne sénatrice Gilles Manceron Historien Tewfik
Allal Militant associatif Kamel Jendoubi, Abderrazak Bouazizi, Chérif
Ferjani Professeur de sciences politiques Hichem Abdessamad Historien
Hédi Sraieb Economiste Muharrem Koc, Umit Metin, Mouhieddine Cherbib,
Joël Roman Philosophe, essayiste et éditeur Etienne Balibar Philosophe
Dominique Tricaud Avocat François Gèze Editeur Sonia Dayan-Herzbrun,
Abdallah Zniber et Gustave Massiah…