lundi 19 novembre 2012

[ONU/CPI] Justice internationale : Des intellectuels africains dénoncent la partialité de la CPI

En prélude à la « conférence internationale » qui se tiendra à Addis-Abeba, les 04 et 05 décembre 2012 prochain sur le thème : « Afrique / CPI : Bilan et perspectives, 10 ans après le statut de Rome », des intellectuels de divers horizons ont organisé une rencontre, le mardi 06 novembre  2012 dernier, à la Maison de l’Afrique (Harmattan), autour du thème : « Où va la CPI ? Entre omissions significatives et deux poids deux mesures ». Et en présence du Directeur des « Editions L’Harmattan », M. Denis Pryen. Source :  « Le Nouveau Courrier - 10/11/2012 ».



Carte d'Afrique. 

Selon le Pr Malick Ndiaye (Sociologue à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar), « l’Afrique ne doit plus être maintenue dans le statut dans lequel des institutions internationales l’ont confinée ». « L’Afrique est dans les institutions internationales. Mais toutes les décisions lui sont quasiment imposées et les pressions vont s’accentuant dans ce contexte de globalisation », a fait savoir le Professeur Malick Ndiaye. Le journaliste Léonard Guédé Pépé, plus connu sous l’appellation de James Cenach qui a disséqué le thème : « Où va la CPI ? Entre omissions significatives et deux poids deux mesures », a montré les incohérences du « Bureau du Procureur (BDP) » de la « CPI », dans le traitement des renseignements qui lui sont communiqués par les sources dignes de foi, aux fins d’ouverture d’une enquête.
Malgré les indications précises de la « Chambre préliminaire » dans sa décision du 03 octobre 2011, explique Léonard Guédé, le Procureur n’a pas encore cru nécessaire de mettre en cause la responsabilité de M. Guillaume Soro dans la crise postélectorale. Après avoir expliqué la partialité de la « CPI » quant à sa saisine, le conférencier a insisté sur la nécessité pour les Africains d’agir pour qu’ils ne subissent plus l’histoire, mais qu’ils se donnent les moyens de participer aux décisions sur les questions universelles que le monde entier partage. « La + CPI + fait des omissions significatives et la justice est à géométrie variable, avec le + deux poids deux mesures + et une justice orientée vers l’Afrique », estime Malick Ndiaye.
Les intellectuels  africains ont pour la plupart déploré le manque de vision qui a entraîné les Ivoiriens dans le piège de la « CPI ». Puisqu’il n’y a aujourd’hui qu’un camp qui est visé malgré les graves exactions avérées et violations des droits de l’homme par le pouvoir en place à Abidjan. « Comment se sortir de l’impasse actuelle et aller vers une réconciliation », était la principale préoccupation des participants. Dont la plupart a soutenu que la paix n’est pas possible en Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo. Pour les intellectuels africains et européens, au-delà de la question de la détention de Laurent Gbagbo et l’impunité qui règne en Côte d’Ivoire, se pose une vraie question de disfonctionnement tant au niveau de la justice ivoirienne que celle supposée internationale (la « CPI »). Ils se sont toutefois réjouis des positions de la nouvelle présidente de la commission de l’« UA » qui donnent espoir.

dimanche 4 novembre 2012

[Françafrique] Hollande : De la Françafrique à la France-Afrique ?


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Le sommet de la francophonie tenu à Kinshasa en République Démocratique du Congo  était à coup sûr, une rencontre dépassant le simple cadre des discussions autour de la langue de Molière. Le président français, par le truchement de ses déclarations et actes symboliques posés lors de ce sommet, a voulu signifier l’effectivité de la fin des relations opaques entre la France et certains États Africains.
Pour l’actuel président français, « le temps de la Françafrique est révolu…» , Il faut maintenant faire place au partenariat entre États souverains. Cette déclaration peut elle sonner  réellement le glas de la Françafrique ?
Le sommet de la francophonie a assurément fait bouger certaines représentations autour de la Françafrique. Du coté de la France, la teneur du discours tenu par François Hollande à son escale à Dakar, où il a été affirmé solennellement la fin de la Françafrique, s’inscrivait en droite ligne des déclarations faites antérieurement par le Président français sur la situation, jugée inadmissible, des droits de l’homme en République Démocratique du Congo.
Le retard du président français, contraignant le président de la RDC, son épouse et le Secrétaire Général de l’OIF à patienter près de 40 minutes, a été interprété comme un signe manifeste de critique. Enfin, dernier symbole de « rupture » : le ton du discours du président français en RDC, qui a établi un lien direct entre « parler français » et « parler droits de l’homme », doublé de l’oubli, lors de son allocution, de remercier le président de la RDC, hôte du sommet de la francophonie, tel que l’exige les usages diplomatiques et bien sûr « françafricains ».
Du coté du président Kabila, c’est un accueil presque banal qui a été réservé au président français : le chef de l’État Congolais ne s’est pas déplacé à l’aéroport pour accueillir la première autorité de  France, comme le veulent les usages diplomatiques et « françafricains ». Ce rôle a été dévolu au premier ministre congolais, quatrième personnalité du pays. En outre, le président Kabila n’a pas manqué de rappeler lors de son allocation, le principe de l’égalité souveraine qui fonde les relations entre les États membres de l’O.I.F.
Manifestement, les symboles de rupture des usages françafricains étaient bien là. Cependant, cette volonté affichée de mettre fin à la Françafrique est contrecarrée par la subsistance des liens étroits qui unissent la France et certains États africains à travers le Franc FCFA et les accords de défense entre autres, qui font qu’au-delà du symbolique qui vient d’être altérée, il reste une partie invisible de l’iceberg qui conditionne bien souvent les rapports entre les deux parties.
En effet, comment peut-on concevoir l’égalité souveraine ou imaginer un réel partenariat entre les États, lorsque l'un d'eux exerce à travers la monnaie un certain contrôle sur les économies des autres ?  Le Franc CFA, monnaie qui a survécu à la colonisation, permet à la France d’exercer  à travers deux règles principales, un contrôle sur les économies des États de la zone C.F.A. Il s’agit d’abord de la stabilité du taux de change entre le franc CFA et le franc français devenu Euro. Ensuite, de  la garantie, par la Banque centrale de France, de la convertibilité illimitée du franc CFA en échange du dépôt sur les comptes du trésor français de la moitié des réserves de change.
Ce qui fait alors les affaires non seulement des États africains mais aussi de la France qui peut influencer par là les politiques économiques des États de la zone FCFA. Il en est ainsi par exemple de la décision de dévaluation (3) du FCFA prise en 1994 par la France considérant celle-ci était comme la meilleure option pour le développement de ces pays. Ce système qui perdure est, selon le professeur Mamadou Koulibaly, entretenu par l’influence que la France exerce sur les pays d’Afrique francophone, et la France n’hésite pas à utiliser des mesures répressives pour couper les possibles désirs d’émancipation.
Il remarque à ce propos que « nous avons été témoins de mesures répressives visant à couper court à toute velléité d’émancipation du système : la protection des intérêts français a engendré récemment des crises au sujet de l’uranium au Niger, de l’or au Mali, du pétrole au Tchad, des matières premières et du transfert des actions d’entreprises du service public en Côte d’Ivoire, auxquelles sont à ajouter d’autres crises au Rwanda, en République démocratique du Congo et au Sénégal. »
L’autre aspect invisible de l’iceberg de la Françafrique, réside au niveau des accords de défense et des intérêts économiques des entreprises françaises en Afrique. Considérés comme levier d’impulsion et de protection de la Françafrique aux lendemains des indépendances, les accords de défense truffés de clauses secrètes, et les contrats économiques d’exclusivité permettaient de maintenir une certaine élite africaine au pouvoir. Jugés dépassés pour ce qui est des accords de défense, leurs renégociations à partir de  2009 a laissé penser que l’opacité qui entourait ceux-ci serait levée par leurs publications comme promis par les différentes parties.
Il n’en est rien pour l’instant. Pour ce qui est des contrats d’exclusivité économiques dont certains étaient garantis par les accords de défense, on continue d’observer une subsistance du monopole de certaines entreprises. Ces monopoles favorisent à bien des égards des relations économiques de « copinage » dont une partie importante est placée sous le sceau de l’opacité.
La volonté affichée de mettre fin à la Francafrique véritable nébuleuse dont tout le monde admet l’existence, mais ne saurait exactement cerner la forme et le contenu, ne peut se limiter au niveau du symbolique. Il faut au-delà, repenser les courroies matérielles par lesquelles la « relation spéciale » transite.

Sali Bouba Oumarou est analyste sur www.UnMondeLibre.org.

SOURCE : http://ww.lepotentielon...ique-a-la-france-afrique