samedi 21 février 2015

Congo-Brazzaville : Sassou Nguesso et ses mercenaires de Tchambitcho sous la menace des drones…


Par RIGOBERT OSSEBI


Au bord de la rivière Alima, à deux pas d’Oyo, non loin d’Ollombo et de l’aéroport international privé de Denis Sassou Nguesso, se situe le village de Tchambitcho. Depuis des années, la réserve personnelle de mercenaires du dictateur congolais y réside.
Véritable Mecque de l’internationale terroriste, des soldats de fortune venus de tous horizons géographiques et idéologiques se retrouvent dans cette Tour de Babel de la terreur : des Rwandais, des Tchadiens, des Libyens, des Cubains, des Angolais, des Nord-Coréens, des membres du Hezbollah ainsi que des djihadistes égarés parmi des pilotes ukrainiens (pour les hélicos de combat) et sud-africains (pour les Mirage F-1). Simples soldats perdus ou instructeurs ces hommes constituent la véritable capacité de nuisance intérieure de l’autocrate de l’Alima. Sans état d’âme, au moindre signal, ils pourraient fondre sur les malheureuses populations congolaises. Pour le tyran, peu importe l’ethnie des prochaines victimes. A ses yeux, il suffit que les Congolais soient terrorisés par cette horde de sauvages ! Alors, ils lui demanderont grâce, quitte à ce qu’il reste indéfiniment au pouvoir !
L’argent, les armes, les hommes ! Un aéroport international, celui d’Ollombo, totalement dédié à l’importation du matériel de guerre et des munitions (même un Boeing 747-400 cargo bourré jusqu’à la gueule pourrait y atterrir) ! Denis Sassou Nguesso disposait de tous les ingrédients pour que ce plan réussisse ! Sauf que le monde entier en a assez de lui et au tout premier rang de ces mécontents, figurent Barak Obama et François Hollande. Et là, il faut reconnaître qu’ils auraient fait fort. Très fort !
Récemment, et pour la toute dernière fois c’était le 18 février 2015, Tchambitcho qui est aux Nguesso, ce que Kandahar est aux Talibans, a été survolé à plusieurs reprises par des drones, à une altitude suffisamment basse pour que les futurs sacrificateurs de Congolais puissent les apercevoir. A chaque fois, les caméras extrêmement puissantes qui équipent ces engins ont pu envoyer, en direct, aux QGs des commanditaires (américains ou français ?) les images de panique et de débandade généralisées. Les terroristes, terrorisés par un ennemi presque invisible, couraient dans tous les sens en quête d’un impossible abri. Bien plus qu’une simple intimidation, ces survols répétés du territoire d’un Etat souverain représentent des avertissements gratuits à leur chef de bande (l’autocrate de l’Alima voisine) : « il nous suffirait simplement d’appuyer sur le bouton, sur le joystick, comme dans un jeu vidéo, et boum ! » Ces vidéos se retrouveraient alors sur Youtube : « le survol d’Oyo, l’approche de Tchambitcho, les cibles qui sont identifiées et qui apparaissent dans le cadran du viseur. Puis quelques secondes s’écoulent et l’écran qui s’embrase : le missile vient de toucher son but ! »
« Déjà vu ! » diriez-vous ! Oui mais ces éliminations ciblées se déroulaient au Pakistan et en Afghanistan ! Là, cela pourrait bien se passer en Afrique, chez nous, au Congo !
Nous pourrions assister également sur le tarmac de l’aéroport d’Ollombo à la destruction, de la même manière, du tout nouvel avion de Denis Sassou Nguesso, le Falcon 7X de Dassault, avec lequel il pensait pouvoir atteindre n’importe quelle destination étrangère sans escale, ou du dernier hélicoptère Augusta qui lui a été offert par ENI… Restera alors la bonne vieille pirogue pour tenter de sauver sa vieille peau !
Qu’il est loin le bon temps de Jacques Chirac et du gendre Salat-Barroux (Secrétaire Général de l’Elysée) qui lui passaient tout, et même de Nicolas Sarkozy avec les amis Tapie, Balkany et Kouchner qui arrondissaient toujours les angles !
Cette histoire de drones, c’est du sérieux, du solide, du perfide même et qui ne laisse aucun espoir de conservation de pouvoir ; même plus : de survie en cas de faux pas… ! Il n’existe pas d’exemple connu de ce type d’intervention (une intrusion répétée dans l’espace aérien quasiment privé d’un chef d’Etat en exercice) pour un pays qui se situe en dehors d’une zone de conflit.
N’oublions pas que Denis Sassou Nguesso est l’homme de Kimongo et qu’il n’avait d’aucune manière résisté, même verbalement, à l’invasion angolaise de 2013.
De plus, les récentes perquisitions aux domiciles des neveux Nguesso ainsi que les saisies de valeurs, de bijoux et de voitures de luxe ont été accompagnées d’un silence assourdissant du tigre de papier de Mpila. Aucune déclaration tonitruante, aucun bombement de torse superflu, aucun appel téléphonique débordant d’insultes à l’Elysée i pour obtenir la restitution des biens saisis, aucune menace de rupture des relations diplomatiques.
Le tyran fauve de l’Alima aurait-il enfin pris conscience de la matière, cellulosique, qui le compose ? Peut-être… !
En fait, il a été ramené sans le moindre ménagement à la réalité et à l’extrême précarité de sa situation… Encore une fois, sans la moindre protestation de sa part !
Pouvons-nous en espérer la non-modification de la Constitution et une alternance démocratique ? Sans doute… !
Qui est le commanditaire de ces missions ?
La description qui a été rapportée de l’engin (une vingtaine de mètres d’envergure et une dizaine de longueur) correspond au drone de combat MQ-9 Reaper de General Atomics qui équipe l’armée américaine et depuis près d’une année l’armée française, avec succès, au Mali. Ce modèle constitue un des fers de lance de la stratégie américaine de lutte contre Al-Qaïda et les Talibans, notamment au Pakistan dans les zones tribales. Les Etats-Unis auraient pu mener ces missions au départ de Sao Tomé, voire du Cameroun. Cependant, si la France souhaitait les déployer ailleurs qu’au Mali, au départ du Centrafrique par exemple, elle devait contractuellement solliciter l’autorisation des autorités américaines. Les missions effectuées au-dessus de Tchambitcho auraient nécessité vraisemblablement un accord entre les deux armées américaines et françaises. Ce qui démontrerait plus encore la ferme détermination de Barack Obama et de François Hollande de mettre un terme définitif au pouvoir calamiteux et tri-décennal de Denis Sassou Nguesso.

Rigobert OSSEBI
(Extrait de congo-liberty)
 
i Comme ce fut le cas lors de l’incarcération à Paris de Jean-François Ndenguet en 2004 pour l’affaire des Disparus du Beach. Sassou Nguesso avait obtenu sa libération immédiate dès le lendemain après avoir fait tiré de son lit en pleine nuit, le juge des libertés et copieusement menacé Jacques Chirac et Dominique de Villepin.