En prélude à la « conférence internationale » qui se tiendra à Addis-Abeba, les 04 et 05 décembre 2012
prochain sur le thème : « Afrique / CPI : Bilan et perspectives, 10 ans
après le statut de Rome », des intellectuels de divers horizons ont
organisé une rencontre, le mardi 06 novembre 2012 dernier,
à la Maison de l’Afrique (Harmattan), autour du thème : « Où va la CPI ?
Entre omissions significatives et deux poids deux mesures ». Et en
présence du Directeur des « Editions L’Harmattan », M. Denis Pryen. Source : « Le Nouveau Courrier - 10/11/2012 ».
Carte d'Afrique.
Selon le Pr Malick Ndiaye (Sociologue à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar), « l’Afrique ne doit plus être maintenue dans le statut dans lequel des institutions internationales l’ont confinée ». « L’Afrique
est dans les institutions internationales. Mais toutes les décisions
lui sont quasiment imposées et les pressions vont s’accentuant dans ce
contexte de globalisation », a fait savoir le Professeur Malick Ndiaye. Le journaliste Léonard Guédé Pépé, plus connu sous l’appellation de James Cenach qui a disséqué le thème : « Où va la CPI ? Entre omissions significatives et deux poids deux mesures », a montré les incohérences du « Bureau du Procureur (BDP) » de la « CPI
», dans le traitement des renseignements qui lui sont communiqués par
les sources dignes de foi, aux fins d’ouverture d’une enquête.
Malgré les indications précises de la « Chambre préliminaire » dans sa décision du 03 octobre 2011, explique Léonard Guédé, le Procureur n’a pas encore cru nécessaire de mettre en cause la responsabilité de M. Guillaume Soro dans la crise postélectorale. Après avoir expliqué la partialité de la « CPI
» quant à sa saisine, le conférencier a insisté sur la nécessité pour
les Africains d’agir pour qu’ils ne subissent plus l’histoire, mais
qu’ils se donnent les moyens de participer aux décisions sur les
questions universelles que le monde entier partage. « La + CPI + fait des omissions significatives et la justice est à géométrie variable, avec le + deux poids deux mesures + et une justice orientée vers l’Afrique », estime Malick Ndiaye.
Les intellectuels africains ont pour la plupart déploré le manque de vision qui a entraîné les Ivoiriens dans le piège de la « CPI ».
Puisqu’il n’y a aujourd’hui qu’un camp qui est visé malgré les graves
exactions avérées et violations des droits de l’homme par le pouvoir en
place à Abidjan. « Comment se sortir de l’impasse actuelle et aller vers une réconciliation
», était la principale préoccupation des participants. Dont la plupart a
soutenu que la paix n’est pas possible en Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo. Pour les intellectuels africains et européens, au-delà de la question de la détention de Laurent Gbagbo
et l’impunité qui règne en Côte d’Ivoire, se pose une vraie question de
disfonctionnement tant au niveau de la justice ivoirienne que celle
supposée internationale (la « CPI »). Ils se sont toutefois réjouis des positions de la nouvelle présidente de la commission de l’« UA » qui donnent espoir.
lundi 19 novembre 2012
dimanche 4 novembre 2012
[Françafrique] Hollande : De la Françafrique à la France-Afrique ?
http://ww.lepotentielon...ique-a-la-france-afrique
Le sommet de la francophonie tenu à Kinshasa en République Démocratique du Congo était à coup sûr, une rencontre dépassant le simple cadre des discussions autour de la langue de Molière. Le président français, par le truchement de ses déclarations et actes symboliques posés lors de ce sommet, a voulu signifier l’effectivité de la fin des relations opaques entre la France et certains États Africains.
Pour l’actuel président français, « le
temps de la Françafrique est révolu…» , Il faut maintenant faire place
au partenariat entre États souverains. Cette déclaration peut elle
sonner réellement le glas de la Françafrique ?
Le sommet de la francophonie a
assurément fait bouger certaines représentations autour de la
Françafrique. Du coté de la France, la teneur du discours tenu par
François Hollande à son escale à Dakar, où il a été affirmé
solennellement la fin de la Françafrique, s’inscrivait en droite ligne
des déclarations faites antérieurement par le Président français sur la
situation, jugée inadmissible, des droits de l’homme en République
Démocratique du Congo.
Le retard du président français,
contraignant le président de la RDC, son épouse et le Secrétaire Général
de l’OIF à patienter près de 40 minutes, a été interprété comme un
signe manifeste de critique. Enfin, dernier symbole de « rupture » : le
ton du discours du président français en RDC, qui a établi un lien
direct entre « parler français » et « parler droits de l’homme », doublé
de l’oubli, lors de son allocution, de remercier le président de la
RDC, hôte du sommet de la francophonie, tel que l’exige les usages
diplomatiques et bien sûr « françafricains ».
Du coté du président Kabila, c’est un
accueil presque banal qui a été réservé au président français : le chef
de l’État Congolais ne s’est pas déplacé à l’aéroport pour accueillir la
première autorité de France, comme le veulent les usages diplomatiques
et « françafricains ». Ce rôle a été dévolu au premier ministre
congolais, quatrième personnalité du pays. En outre, le président Kabila
n’a pas manqué de rappeler lors de son allocation, le principe de
l’égalité souveraine qui fonde les relations entre les États membres de
l’O.I.F.
Manifestement, les symboles de rupture
des usages françafricains étaient bien là. Cependant, cette volonté
affichée de mettre fin à la Françafrique est contrecarrée par la
subsistance des liens étroits qui unissent la France et certains États
africains à travers le Franc FCFA et les accords de défense entre
autres, qui font qu’au-delà du symbolique qui vient d’être altérée, il
reste une partie invisible de l’iceberg qui conditionne bien souvent les
rapports entre les deux parties.
En effet, comment peut-on concevoir
l’égalité souveraine ou imaginer un réel partenariat entre les États,
lorsque l'un d'eux exerce à travers la monnaie un certain contrôle sur
les économies des autres ? Le Franc CFA, monnaie qui a survécu à la
colonisation, permet à la France d’exercer à travers deux règles
principales, un contrôle sur les économies des États de la zone C.F.A.
Il s’agit d’abord de la stabilité du taux de change entre le franc CFA
et le franc français devenu Euro. Ensuite, de la garantie, par la
Banque centrale de France, de la convertibilité illimitée du franc CFA
en échange du dépôt sur les comptes du trésor français de la moitié des
réserves de change.
Ce qui fait alors les affaires non
seulement des États africains mais aussi de la France qui peut
influencer par là les politiques économiques des États de la zone FCFA.
Il en est ainsi par exemple de la décision de dévaluation (3) du FCFA
prise en 1994 par la France considérant celle-ci était comme la
meilleure option pour le développement de ces pays. Ce système qui
perdure est, selon le professeur Mamadou Koulibaly, entretenu par
l’influence que la France exerce sur les pays d’Afrique francophone, et
la France n’hésite pas à utiliser des mesures répressives pour couper
les possibles désirs d’émancipation.
Il remarque à ce propos que « nous avons
été témoins de mesures répressives visant à couper court à toute
velléité d’émancipation du système : la protection des intérêts français
a engendré récemment des crises au sujet de l’uranium au Niger, de l’or
au Mali, du pétrole au Tchad, des matières premières et du transfert
des actions d’entreprises du service public en Côte d’Ivoire, auxquelles
sont à ajouter d’autres crises au Rwanda, en République démocratique du
Congo et au Sénégal. »
L’autre aspect invisible de l’iceberg de
la Françafrique, réside au niveau des accords de défense et des
intérêts économiques des entreprises françaises en Afrique. Considérés
comme levier d’impulsion et de protection de la Françafrique aux
lendemains des indépendances, les accords de défense truffés de clauses
secrètes, et les contrats économiques d’exclusivité permettaient de
maintenir une certaine élite africaine au pouvoir. Jugés dépassés pour
ce qui est des accords de défense, leurs renégociations à partir de
2009 a laissé penser que l’opacité qui entourait ceux-ci serait levée
par leurs publications comme promis par les différentes parties.
Il n’en est rien pour l’instant. Pour ce
qui est des contrats d’exclusivité économiques dont certains étaient
garantis par les accords de défense, on continue d’observer une
subsistance du monopole de certaines entreprises. Ces monopoles
favorisent à bien des égards des relations économiques de « copinage »
dont une partie importante est placée sous le sceau de l’opacité.
La volonté affichée de mettre fin à la
Francafrique véritable nébuleuse dont tout le monde admet l’existence,
mais ne saurait exactement cerner la forme et le contenu, ne peut se
limiter au niveau du symbolique. Il faut au-delà, repenser les courroies
matérielles par lesquelles la « relation spéciale » transite.
SOURCE : http://ww.lepotentielon...ique-a-la-france-afrique
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lundi 29 octobre 2012
[Afrique] Justice internationale et souveraineté des Etats africains
[Afrique] Justice internationale et souveraineté des Etats africains
Tribune libre
La CPI – Cour pénale internationale – a rendu son premier jugement le 14 mars 2012. L'inculpé, un africain, Thomas LUBANGA, ressortissant du Congo démocratique, est condamné à 14 ans d'emprisonnement pour crimes de guerre. Il lui est reproché d'avoir utilisé des enfants soldats dans un conflit armé. Ironie du sort, le Statut de la CPI est entré en vigueur le 1er juillet 2002 après la soixantième signature par la République démocratique du Congo le 11 avril 2OO2. To léka !
Les affaires instruites concernent essentiellement des africains. Cet état de choses, qui étonne et détonne, a conduit nombres d'observateurs, surtout africains, à contester l'impartialité de cette juridiction censée être indépendante et apolitique. Pas étonnant que l'on parle, dans certains milieux, de '' Loi du plus fort '', de '' Justice des vainqueurs'', '' d'instrument de l'occident destiné à dépouiller les petits Etats de leur souveraineté '', etc.
M. Jean Ping, ancien président de la commission de l'Union Africaine avait en son temps accusé la CPI de '' harceler '' l'Afrique. Mme Nkosasana Dlamini-Zuma, qui vient de lui succéder, adopte la même ligne de conduite lorsqu'elle affirme, concernant l'affaire El-Béchir, qu'une arrestation du président soudanais serait malvenue, au motif que cela pourrait compromettre le processus de paix initié dans son pays. La sud-africaine nouvellement élue fait ainsi sienne la position adoptée par l'UA qui refuse de coopérer avec la CPI sur ce dossier. Les chefs d'Etat africains ont aussi, pour la plupart, adopté la même attitude depuis 2009, année de l'inculpation d'Omar El Béchir.
Thomas Lubanga
Cette attitude de défiance envers la CPI se trouve surtout exacerbée par le fait que les Etats-Unis, pays auquel on donnerait le bon label d'« Etat de droit » sans profession de foi, refuse de reconnaître les prérogatives de la CPI. De même, peut-on légitimement regretter voire condamner l'attitude d'Israël qui ne reconnaît pas l'autorité de la CPI. C'est d'ailleurs d'autant plus regrettable que la patrie de Ben Gourion est, à certains égards, le pays qui a porté la justice internationale sur les fonts baptismaux, avec le procès Eichmann. Procès au cours duquel la justice israélienne a jugé en 1961, pour des crimes perpétrés en Allemagne, en France, en Pologne et en Hongrie, un ressortissant allemand – le Sieur Eichmann – résidant en Argentine, « transféré » et jugé dans un Etat qui n'avait en l'espèce ni la compétence territoriale ni la compétence personnelle, mais qui a su à bon droit se prévaloir de la compétence universelle.On a beau affirmer que la CPI juge les individus et non les Etats. Rien à faire! Les partisans du discours '' justice universelle, justice du plus fort'' n'en démordent !
Tollé de plus en plus assourdissant depuis l'arrêt du 20 juillet 2012, arrêt de la Cour internationale de Justice qui condamne le Sénégal dans l'affaire « Belgique contre Sénégal ». Cet arrêt est l'aboutissement d'une requête introduite le 19 février 2009 par le Royaume de Belgique contre le Sénégal à propos '' d’un différend relatif au « respect par le Sénégal de son obligation de poursuivre [M. Hissène Habré, ancien président de la République du Tchad], ou de l’extrader vers la Belgique aux fins de poursuites pénales ».
" De quoi je me mêle ! '', pourrait-on dire, tant le principe « Pas d'intérêt pas d'action » semble applicable en l'espèce. On serait également tenté de se poser la question suivante: la Belgique, aurait-elle pu prendre l'initiative de traîner la France, l'Allemagne ou les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice, si M. Hissène Habré avait trouvé refuge dans l'un des pays cités et que ce pays ne l'avait ni jugé ni extradé ? Mais, trêve de conjectures! Le sujet est d'importance . Il l'est tel qu'on ne saurait s'accommoder de subterfuges !
Sur l'argument selon lequel la justice internationale s'acharne sur les Etats africains qu'elle prive du monopole de la répression pénale considéré par tout Etat comme un des attributs de sa souveraineté, deux observations méritent l'attention !
Gbagbo à la CPI
La première partira de la célèbre phrase de Descartes revisitée par le juriste et homme politique italien du début du xxè siècle, Vittorio Emmanuele Orlando, connu entre autres pour avoir piqué une colère mémorable à la Conférence de versailles en 1919 ; il a écrit : « l'Etat souverain doit dire jubeo ergo sum, je commande donc j'existe » (cité par Antonio Cassese dans Crimes internationaux et juridictions internationales p.17, PUF). Antonio Cassese, professeur à l'université de Florence et ancien président du TPIY précise : « Ceux qui ont travaillé dans les tribunaux pénaux internationaux le savent bien: ces tribunaux n'ont pas le pouvoir de 'commander', car ils n'ont pas de pouvoir judiciaire à leur disposition. Pour recueillir des éléments de preuve, pour convoquer les témoins, pour effectuer des perquisitions ou des saisies, pour notifier et faire exécuter des mandats de comparution et d'arrêt, et même pour l'exécution des peines, ils doivent s'adresser aux autorités nationales. Ces tribunaux sont donc dépourvus du pouvoir de contrainte; ce pouvoir demeure entre les mains des Etats souverains ». Les africains détenus à La Haye le sont donc grâce à ou cause de la coopération active ou passive des Etats africains qui ont signé et ratifié le Statut de la CPI en toute souveraineté. La Côte d'Ivoire, qui n'a pas ratifié le Statut de Rome, a néanmoins reconnu en toute souveraineté la compétence de la CPI en 2003 sous la présidence de Laurent Gbagbo. Cette reconnaissance a été confirmée par l'équipe Ouattara en 2011.
La seconde observation s'appuiera sur l'article 17 du Statut de Rome qui énonce le principe de complémentarité de juridictions. Principe qui dispose que la compétence de la Cour ne s'exerce que de façon complémentaire à celle des systèmes juridiques nationaux. En fait la compétence nationale pénale prime sur la CPI qui ne peut exercer sa compétence qu'en cas de défaillance du système juridique d'un Etat.
Mme Fatou Bensouda, Procureur de la CPI, qui a succédé à Luis Moreno Ocampo, se trouve au Kénya au moment où s'ébauche ce papier. Elle a fait une déclaration publique dans laquelle elle explique le motif de son séjour. Elle dit en substance avoir constaté que les autorités kényanes, malgré les engagements par elles pris pendant les concertations avec la Cour, n'ont jamais diligenté la moindre poursuite judiciaire contre les auteurs présumés des violences post-électorales. La Cour est en conséquence fondée de prendre l'affaire en main. « Le 5 novembre 2009, mon prédécesseur a rencontré le Président Mwai Kibaki et le Premier Ministre Raila Odinga à Nairobi après avoir été informé par les autorités kényanes de l’impasse regrettable dans laquelle se trouvait la situation au niveau national. Il les a avertis qu’étant donné que les critères du Statut de Rome étaient remplis et que le Gouvernement kényan n’avait pas été en mesure d’établir un tribunal national pour juger les auteurs des crimes perpétrés au cours des violences postélectorales, il se trouvait dans l’obligation d'ouvrir une enquête sur ces crimes présumés.»
C'est en toute souveraineté que l'Etat Kényan a accueilli Mme Fatou Bensouda sur son territoire. Et c'est avec la coopération des Kényans que le Procureur de la CPI et son équipe s'attèlent à réunir les preuves destinées à confondre les coupables kényans devant la CPI.
On ne peut pas donc soutenir avec succès que les Etats africains subissent avec passivité le diktat de la justice internationale. Il faut quand même rappeler que 133 pays africains ont signé et ratifié le Statut de Rome. Ces signatures et ratifications n'ont été faites sous aucune contrainte extérieure.Qu'en est-il de l'arrêt de la Cour internationale condamnant le Sénégal? Un bref rappel des faits s'impose !
Hisseine Habré
Hissène Habré, ancien président du Tchad, exilé au Sénégal, est accusé d'actes de tortures, de barbaries et de crimes contre l'humanité par sept ressortissants tchadiens résidant au Tchad et par un collectif d'avocats représentant les victimes. En 1999, une plainte avec constitution de partie civile est déposée contre M. Habré devant le tribunal hors classe de Dakar. Le 3 février 2000 le juge sénégalais du tribunal régional inculpe l'ancien président des chefs de crimes contre l'humanité, d'actes de tortures, de barbaries et le met en résidence surveillée. Appel est interjeté. Ensuite, dans sa décision du 20 mars 2001 la cour de cassation décide que les juridictions sénégalaises ne sont pas compétentes pour juger des infractions alléguées contre M. Habré, celles-ci ayant été perpétrées hors du territoire national. Cette décision, fortement critiquée, est prise nonobstant le fait que les parties civiles avaient invoqué l'obligation du juge sénégalais à connaître de l'affaire en vertu des dispositions de la Convention contre la torture signée et ratifiée par le Sénégal.Et la Belgique dans tout cela ? La réponse se trouve dans cet extrait du jugement de la CIJ...
« Le 30 novembre 2000, un ressortissant belge d’origine tchadienne a déposé une plainte avec constitution de partie civile contre M. Habré devant un juge d’instruction belge, notamment pour violations graves du droit international humanitaire, crimes de torture et crime de génocide. Entre le 30 novembre 2000 et le 11 décembre 2001, vingt autres personnes ont déposé, devant le même juge, des plaintes similaires contre M. Habré pour des faits de même nature. Ces plaintes, qui se rapportaient à la période allant de 1982 à 1990 et émanaient de deux binationaux belgo-tchadiens et de dix-huit ressortissants tchadiens, visaient des crimes prévus par la loi belge du 16 juin 1993 relative à la répression des violations... »
La Belgique a demandé au Sénégal de juger M. Habré ou de l'extrader comme l'impose la Convention contre la torture. Le Sénégal a finalement modifié son code de procédures pénales et sa constitution pour que le juge national puisse exercer la compétence universelle que la Convention lui reconnait. Malgré ces modifications, le juge sénégalais n'a toujours pas jugé l'ancien président. Ce qui a conduit la Belgique à solliciter le juge international qui a fini par dire et juger « que la République du Sénégal doit, sans autre délai, soumettre le cas de M. Hissène Habré à ses autorités compétentes pour l’exercice de l’action pénale, si elle ne l’extrade pas. »
Mme Fatou Bensouda, Procureur de la CPI
Cet exemple est symptomatique, d'une part, du déni de justice dont sont victimes les africains de la part des Etats censés les protéger, d'autre part, de l'impunité de fait dont jouissent certains dirigeants africains qui ont fait du crime un mode d'exercice du pouvoir. La loi du plus fort évoquée plus haut trouve sa manifestation la plus violente dans les rapports entre le plaignant africain et le juge national souvent aux ordres. Les victimes tchadiennes sont en face d'un véritable déni de justice! Lâchées par leur Etat d'origine, c'est un Etat adoptant – la Belgique – qui s'active pour que justice leur soit rendue. Le Kénya est dans l'incapacité de rendre justice aux victimes des violences de 2007-2008. C'est la CPI qui va devoir s'en charger.
Au Congo-Brazzaville, le collectif des parents des disparus du Beach s'était vu opposé le mur du déni de la part du juge national. C'est lorsque les plaignants se sont tournés vers la justice internationale que les autorités du Congo se sont précipitées à organiser un simulacre de procès tristement célèbre. Le but du procès n'était nullement la recherche de la vérité, mais plutôt l'obtention d'un jugement qu'on brandirait pour faire prévaloir le principe Non bis in idem – autorité de la chose jugée – qui dispose que nul ne peut être jugé deux fois pour le même crime. Impunité acquise pour les bourreaux ?
Tout compte fait, l'on se rend compte que les Etats africains jouissent pleinement de leur souveraineté sur la scène internationale. Comme tous les Etats modernes, ils abandonnent ici et là des parcelles de souveraineté. Les crimes contre l'humanité sont une infraction tellement grave qu'on ne saurait laisser la répression pénale en la matière à la discrétion des seuls Etats.
A ceux qui considèrent que la Justice et les droits de l'homme relèvent du domaine réservé de l'Etat, il faut opposer la déclaration de Boutros Ghali lors de l'ouverture de la conférence internationale de Vienne sur les droits de l'homme:
« Lorsque la souveraineté devient l'ultime argument évoqué par les régimes autoritaires pour porter atteinte aux droits et libertés des hommes, des femmes, des enfants, à l'abri des regards, alors – je le dis gravement – cette souveraineté-là est déjà condamnée par l'Histoire ».
Source : www.mwinda.org
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jeudi 25 octobre 2012
[France/Afrique] "Le temps de la Françafrique est révolu"
« Le temps de la Françafrique est révolu. »
- Oui monsieur Hollande, mais les actes, c’est maintenant !
Par Lawœtey-Pierre AJAVON
Enseignant-chercheur en Histoire et en Anthropologie, Lawoetey-Pierre AJAVON est Docteur 3ème cycle en Ethnologie et Docteur d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines (Anthropologie des Sociétés Orales). Il est auteur de plusieurs articles dans des revues spécialisées, et d'un ouvrage « Traite et esclavage des Noirs, quelle responsabilité africaine ? » paru aux éditions Ménaibuc à Paris.
Le 14ème sommet de la francophonie a vécu. Sans doute également la Françafrique avec, si l’on en croit les déclarations du Président français, François Hollande, lors de son discours devant les députés sénégalais le 12 octobre dernier.
Sortie remarquable du Président qui semble avoir réussi son pari à Dakar, pour sa première visite sur le continent noir. Néanmoins, les Africains circonspects, instruits par les promesses non tenues de ses prédécesseurs, ont osé tout simplement brûler la politesse au nouveau locataire de l’Elysée, en proclamant urbi et orbi : « le Grand Sorcier Blanc est encore venu nous blaguer-tuer comme tous les autres.» Traduisez, en français mariné à la sauce abidjanaise, « le nouchi », Hollande va nous rouler dans la farine. Sentiment que résume parfaitement un autre ivoirien cité par un site panafricain : « Il faut pas nous baga-baga (tourner en bourrique)… Ils commencent tous pareil, les présidents français, avec les mots : nouveau souffle, nouvelle amitié, nouveau bla-bla-bla… »
Aussi, sur le continent, il y a belle lurette que les promesses venues de l’ancienne puissance coloniale ne font plus recette. Et pour cause : le discours de La Baule de Mitterrand au milieu des années 90 sur l’accompagnement des processus démocratiques dans son pré-carré francophone ainsi que la promesse de rupture prônée au début de son quinquennat par le président sortant, Nicolas Sarkozy, ont laissé un goût amer chez bon nombre de démocrates africains.
On comprend pourquoi, de Dakar à Kinshasa, en passant par Abidjan, Bamako, Libreville et Lomé, le discours de François Hollande, au-delà des applaudissements nourris, mais mesurés, entendus dans l’enceinte de l’assemblée nationale sénégalaise, a laissé plus d’un dubitatif, sinon assez sceptique quant aux actes concrets susceptibles d’accompagner les louables proclamations d’intention et professions de foi de l’auto-proclamé « Président du changement ».
Même s’il s’en défend, le Président Hollande aurait tenté de prendre le contre-pied du brûlot raciste et condescendant de Nicolas Sarkozy à Dakar même en 2007. Aux antipodes de ce dernier, le nouveau Président s’est voulu rassurant dans son discours aux accents respectueux des valeurs et de l’Histoire de l’Afrique. Propos par ailleurs doublés d’une certaine repentance, quoique timorée. L’observateur averti dira qu’il est allé plus loin que son prédécesseur, en posant quelques actes symboliques qui ont fini par réconcilier certains Africains avec la Gauche française.
Toutefois, les opposants Congolais pourront continuer à ronger leur frein. Pour ne pas froisser le Président Laurent Kabila, prudent, François Hollande s’est uniquement contenté devant son hôte de quelques piques, évitant soigneusement de nommer les dinosaures africains qui s’accrochent au pouvoir contre la volonté de leurs peuples. Foin de la dénonciation des fraudes et irrégularités lors des dernières élections au Congo Démocratique. Foin également des auteurs de viols, crimes, et pillages dans l’Est du Congo soutenus par leurs parrains ougandais et rwandais.
Foin enfin de nombreux sujets qui fâchent, comme l’avenir du franc CFA, monnaie naguère arrimée au franc, et qui aliène depuis 50 ans les quatorze pays de la zone franc, au profit exclusif de la Banque de France, en vertu d’un vieux pacte colonial, dol et léonin. A quand donc la mise en place effective, à l’instar de l’Euro, du projet des chefs d’Etat africains d’Abuja, de la création d’une monnaie unique, véritable attribut de leur souveraineté ?
Quid de la présence des bases militaires françaises qui hypothèquent l’indépendance réelle de plusieurs pays francophones d’Afrique de l’Ouest ? Quid des visas français distillés aux comptes gouttes par les consulats de France représentés en Afrique, aux enseignants-chercheurs, artistes, étudiants et hommes d’affaires africains à qui on rabâche les oreilles lors des grandes messes de la Francophonie, des bienfaits de l’universalité ainsi que de la solidarité de « la grande famille » de tous ceux qui ont en partage la langue française ?
Toutefois, qui en voudra à François Hollande de stigmatiser la cinquantenaire Françafrique, avec sa cohorte de réseaux politico-mafieux ? Qui n’applaudira pas ce Président qui entend désormais nouer avec l’Afrique, des relations plus saines, dénuées de toute tentation d’assujettissement, de paternalisme et de connivence politicarde ? Sans doute, plus que nul autre, ce Corrézien d’adoption avait en mémoire pendant qu’il s’adressait aux députés sénégalais, la célèbre formule du journaliste Raymond Cartier dans les années soixante. « La Corrèze avant le Zambèze ». Aussi, prenant ici et maintenant toute la mesure des enjeux économiques de ce siècle dont l’Afrique, « continent d’avenir », constitue déjà l’un des théâtres majeurs, François Hollande a voulu, s’appuyant sur le rapport du Ministère français de la Défense, repositionner la France dans le jeu actuel où les pays émergents- la Chinafrique triomphante en tête- sont en train de concurrencer durement l’ex Puissance tutélaire. Selon ce rapport prospectif d’experts, « l’Afrique restera une zone de convoitise et de confrontations potentielles et une zone d’intérêt stratégique prioritaire pour la France ».
A Dakar comme à Kinshasa, les symboles forts, il y en eu : hommage à la démocratie sénégalaise, l’une des rares en Afrique francophone, visite de l’Ile de Gorée (un des hauts lieux de l’esclavage) ; reconnaissance du rôle de la France dans la Traite Négrière et dans la colonisation ; rencontre avec Etienne Tshisekedi, l’opposant historique aux dictatures de l’ex-Zaïre et de l’actuel Congo, sans toutefois légitimer, reconnaît le Président français lui-même, ce dernier ; attribution du nom de Floribert Chebeya, journaliste-opposant et militant des Droits de l’Homme congolais assassiné par le régime de Kabila à une médiathèque de l’Institut français de Kinshasa … Mais, peut-on se contenter des seuls actes symboliques qui à l’évidence ne seront suivis que de peu d’effets ?
Nous l’avons dit dans plusieurs chroniques ici même et ailleurs : les Africains ne sont plus dupes face à ces discours. Ils en ont entendu bien d’autres et n’ont rien vu venir. Au Togo, où le Collectif Sauvons le Togo (CST) de Maître Zeus Ata Messan Ajavon et l’ANC de Jean-Pierre Fabre s’opposent au régime en place, depuis plusieurs mois, mobilisant des milliers de Togolais ; au Gabon où, menée par M’ba Obame, une fédération de vingt partis réunis au sein de l’Union des Forces de Changement(UFC) conteste courageusement la dynastie des BONGO qui se maintient au pouvoir par le truchement des fraudes électorales ; au Cameroun où l’opposition tente de s’unir contre le régime corrompu de Paul Biya ; on rappelle qu’on n’a pas attendu le discours de Français Hollande pour diriger la fronde contre ces autocraties françafricaines.
Le Président français a promis de refermer la longue parenthèse des errements de la Françafrique. « Le modèle inégalitaire françafricain est révolu au profit d’un partenariat égal et le refus d’imposer ou seulement de proposer un exemple » affirme-t-il.
Aux Africains de prendre François Hollande au mot afin que, des promesses, il passe maintenant aux vrais actes. Les actes, c’est maintenant ! Les prochaines échéances qui se profilent dans le pré-carré françafricain constitueront une sorte de baptême de feu pour ce « Président du changement » qui vient de tremper ses pieds dans le marigot africain où le terme francophonie ne rime pas forcément avec démocratie et où, surtout, les gros caïmans ne se font aucun cadeau.
Lawœtey-Pierre AJAVON
Octobre 2012
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SOURCE : http://www.blada.com/chroniques/2012/8527-_Le_temps_de_la_Francafrique_est_revolu__.htm
- Oui monsieur Hollande, mais les actes, c’est maintenant !
Par Lawœtey-Pierre AJAVON
Enseignant-chercheur en Histoire et en Anthropologie, Lawoetey-Pierre AJAVON est Docteur 3ème cycle en Ethnologie et Docteur d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines (Anthropologie des Sociétés Orales). Il est auteur de plusieurs articles dans des revues spécialisées, et d'un ouvrage « Traite et esclavage des Noirs, quelle responsabilité africaine ? » paru aux éditions Ménaibuc à Paris.
Le 14ème sommet de la francophonie a vécu. Sans doute également la Françafrique avec, si l’on en croit les déclarations du Président français, François Hollande, lors de son discours devant les députés sénégalais le 12 octobre dernier.
Sortie remarquable du Président qui semble avoir réussi son pari à Dakar, pour sa première visite sur le continent noir. Néanmoins, les Africains circonspects, instruits par les promesses non tenues de ses prédécesseurs, ont osé tout simplement brûler la politesse au nouveau locataire de l’Elysée, en proclamant urbi et orbi : « le Grand Sorcier Blanc est encore venu nous blaguer-tuer comme tous les autres.» Traduisez, en français mariné à la sauce abidjanaise, « le nouchi », Hollande va nous rouler dans la farine. Sentiment que résume parfaitement un autre ivoirien cité par un site panafricain : « Il faut pas nous baga-baga (tourner en bourrique)… Ils commencent tous pareil, les présidents français, avec les mots : nouveau souffle, nouvelle amitié, nouveau bla-bla-bla… »
Aussi, sur le continent, il y a belle lurette que les promesses venues de l’ancienne puissance coloniale ne font plus recette. Et pour cause : le discours de La Baule de Mitterrand au milieu des années 90 sur l’accompagnement des processus démocratiques dans son pré-carré francophone ainsi que la promesse de rupture prônée au début de son quinquennat par le président sortant, Nicolas Sarkozy, ont laissé un goût amer chez bon nombre de démocrates africains.
On comprend pourquoi, de Dakar à Kinshasa, en passant par Abidjan, Bamako, Libreville et Lomé, le discours de François Hollande, au-delà des applaudissements nourris, mais mesurés, entendus dans l’enceinte de l’assemblée nationale sénégalaise, a laissé plus d’un dubitatif, sinon assez sceptique quant aux actes concrets susceptibles d’accompagner les louables proclamations d’intention et professions de foi de l’auto-proclamé « Président du changement ».
Même s’il s’en défend, le Président Hollande aurait tenté de prendre le contre-pied du brûlot raciste et condescendant de Nicolas Sarkozy à Dakar même en 2007. Aux antipodes de ce dernier, le nouveau Président s’est voulu rassurant dans son discours aux accents respectueux des valeurs et de l’Histoire de l’Afrique. Propos par ailleurs doublés d’une certaine repentance, quoique timorée. L’observateur averti dira qu’il est allé plus loin que son prédécesseur, en posant quelques actes symboliques qui ont fini par réconcilier certains Africains avec la Gauche française.
Toutefois, les opposants Congolais pourront continuer à ronger leur frein. Pour ne pas froisser le Président Laurent Kabila, prudent, François Hollande s’est uniquement contenté devant son hôte de quelques piques, évitant soigneusement de nommer les dinosaures africains qui s’accrochent au pouvoir contre la volonté de leurs peuples. Foin de la dénonciation des fraudes et irrégularités lors des dernières élections au Congo Démocratique. Foin également des auteurs de viols, crimes, et pillages dans l’Est du Congo soutenus par leurs parrains ougandais et rwandais.
Foin enfin de nombreux sujets qui fâchent, comme l’avenir du franc CFA, monnaie naguère arrimée au franc, et qui aliène depuis 50 ans les quatorze pays de la zone franc, au profit exclusif de la Banque de France, en vertu d’un vieux pacte colonial, dol et léonin. A quand donc la mise en place effective, à l’instar de l’Euro, du projet des chefs d’Etat africains d’Abuja, de la création d’une monnaie unique, véritable attribut de leur souveraineté ?
Quid de la présence des bases militaires françaises qui hypothèquent l’indépendance réelle de plusieurs pays francophones d’Afrique de l’Ouest ? Quid des visas français distillés aux comptes gouttes par les consulats de France représentés en Afrique, aux enseignants-chercheurs, artistes, étudiants et hommes d’affaires africains à qui on rabâche les oreilles lors des grandes messes de la Francophonie, des bienfaits de l’universalité ainsi que de la solidarité de « la grande famille » de tous ceux qui ont en partage la langue française ?
Toutefois, qui en voudra à François Hollande de stigmatiser la cinquantenaire Françafrique, avec sa cohorte de réseaux politico-mafieux ? Qui n’applaudira pas ce Président qui entend désormais nouer avec l’Afrique, des relations plus saines, dénuées de toute tentation d’assujettissement, de paternalisme et de connivence politicarde ? Sans doute, plus que nul autre, ce Corrézien d’adoption avait en mémoire pendant qu’il s’adressait aux députés sénégalais, la célèbre formule du journaliste Raymond Cartier dans les années soixante. « La Corrèze avant le Zambèze ». Aussi, prenant ici et maintenant toute la mesure des enjeux économiques de ce siècle dont l’Afrique, « continent d’avenir », constitue déjà l’un des théâtres majeurs, François Hollande a voulu, s’appuyant sur le rapport du Ministère français de la Défense, repositionner la France dans le jeu actuel où les pays émergents- la Chinafrique triomphante en tête- sont en train de concurrencer durement l’ex Puissance tutélaire. Selon ce rapport prospectif d’experts, « l’Afrique restera une zone de convoitise et de confrontations potentielles et une zone d’intérêt stratégique prioritaire pour la France ».
A Dakar comme à Kinshasa, les symboles forts, il y en eu : hommage à la démocratie sénégalaise, l’une des rares en Afrique francophone, visite de l’Ile de Gorée (un des hauts lieux de l’esclavage) ; reconnaissance du rôle de la France dans la Traite Négrière et dans la colonisation ; rencontre avec Etienne Tshisekedi, l’opposant historique aux dictatures de l’ex-Zaïre et de l’actuel Congo, sans toutefois légitimer, reconnaît le Président français lui-même, ce dernier ; attribution du nom de Floribert Chebeya, journaliste-opposant et militant des Droits de l’Homme congolais assassiné par le régime de Kabila à une médiathèque de l’Institut français de Kinshasa … Mais, peut-on se contenter des seuls actes symboliques qui à l’évidence ne seront suivis que de peu d’effets ?
Nous l’avons dit dans plusieurs chroniques ici même et ailleurs : les Africains ne sont plus dupes face à ces discours. Ils en ont entendu bien d’autres et n’ont rien vu venir. Au Togo, où le Collectif Sauvons le Togo (CST) de Maître Zeus Ata Messan Ajavon et l’ANC de Jean-Pierre Fabre s’opposent au régime en place, depuis plusieurs mois, mobilisant des milliers de Togolais ; au Gabon où, menée par M’ba Obame, une fédération de vingt partis réunis au sein de l’Union des Forces de Changement(UFC) conteste courageusement la dynastie des BONGO qui se maintient au pouvoir par le truchement des fraudes électorales ; au Cameroun où l’opposition tente de s’unir contre le régime corrompu de Paul Biya ; on rappelle qu’on n’a pas attendu le discours de Français Hollande pour diriger la fronde contre ces autocraties françafricaines.
Le Président français a promis de refermer la longue parenthèse des errements de la Françafrique. « Le modèle inégalitaire françafricain est révolu au profit d’un partenariat égal et le refus d’imposer ou seulement de proposer un exemple » affirme-t-il.
Aux Africains de prendre François Hollande au mot afin que, des promesses, il passe maintenant aux vrais actes. Les actes, c’est maintenant ! Les prochaines échéances qui se profilent dans le pré-carré françafricain constitueront une sorte de baptême de feu pour ce « Président du changement » qui vient de tremper ses pieds dans le marigot africain où le terme francophonie ne rime pas forcément avec démocratie et où, surtout, les gros caïmans ne se font aucun cadeau.
Lawœtey-Pierre AJAVON
Octobre 2012
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SOURCE : http://www.blada.com/chroniques/2012/8527-_Le_temps_de_la_Francafrique_est_revolu__.htm
dimanche 6 mai 2012
[IMMIGRATION] N'instrumentalisons pas l'immigration
SOURCE : CHERBIB <cherbib@gmail.com>
Envoyé le : Jeudi 3 mai 2012 12h26
Objet : [sidibouzid-solidarite] Libé : N’instrumentalisons pas l’immigration Tribune 02.05.2012
http://journal.liberation.fr/ publication/liberation/917/#!/ 0_22
Bonjour,
Cherbib vous invite à lire cet article :
N’instrumentalisons pas l’immigration
Toute l'actualité avec Liberation.fr
Tribune 02.05.2012
N’instrumentalisons pas l’immigration
Si la gauche, dans toutes ses composantes, a su convaincre une
majorité d’électeurs - parmi lesquels de nombreux habitants des
quartiers populaires et/ou issus de l’immigration -, c’est parce
qu’elle a marqué son rejet du bilan désastreux des cinq années de
Nicolas Sarkozy. Parce qu’elle a commencé à pointer les vraies causes
des problèmes économiques et sociaux (dont les conséquences sont
supportées par la grande majorité des Français), mais également parce
qu’elle s’est prononcée sur les questions sociétales et, entre autres,
sur sa volonté d’accorder aux étrangers non-communautaires le droit de
vote aux élections locales. En accordant majoritairement leurs
suffrages à la gauche et à François Hollande le 22 avril, une majorité
d’électeurs s’est clairement prononcée pour une société fondée sur
plus de justice et plus d’égalité.
En cette veille de second tour, il y a lieu d’être vigilant face aux
dangers de dérives xénophobes. La course aux voix des électeurs du FN
peut y conduire.
Il y a d’autant plus lieu d’être vigilant que ces dérives ne sont pas
le fait des seuls politiciens de droite. Nos craintes sont aussi
ailleurs. Que de fois, en d’autres circonstances, n’avons-nous été
trompés non seulement par les promesses non tenues (Mitterrand en
1981), mais aussi scandalisés par les déclarations inqualifiables
selon lesquelles l’extrême droite «posait les bonnes questions mais…».
Nos craintes sont d’autant plus fondées si l’on se réfère aux récentes
déclarations de certains responsables du Parti socialiste n’hésitant
pas à affirmer que des habitants des quartiers populaires souffrent de
l’insécurité, «souffrent d’une immigration clandestine non maîtrisée».
Les mêmes «émettent des doutes» quant au droit de vote ou à la
nécessité de régulariser les sans-papiers.
Nous n’acceptons pas que les questions liées à l’immigration soient
ainsi manipulées à des fins électoralistes. Revenir sur les promesses
et les propositions des candidats, c’est non seulement trahir la
confiance de millions d’électeurs qui ont voté pour la gauche mais,
qui plus est, cela n’aidera pas à gagner les électeurs du FN. Les
raisons du désarroi et de la désespérance des millions de gens qui se
sont soit abstenus, soit prononcés pour le Front national sont à
chercher ailleurs. C’est le modèle ultralibéral et le système
financier dominant qui ont fini par déposséder les pays et les Etats
de leur souveraineté ainsi que les peuples et les gens de leur
citoyenneté réelle. Plutôt que de s’en prendre à l’idée d’accorder le
droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales,
n’y a-t-il pas lieu au contraire de revendiquer encore plus de
citoyenneté, premier pas pour recouvrer plus de souveraineté pour tous
et toutes ?
Nous mettons en garde toutes celles et tous ceux qui seraient tentés
par les dérives démagogiques et les anathèmes contre les immigrés en
vue de gagner les suffrages des électeurs FN. Ils risquent de perdre
ceux-ci ainsi que l’âme et la confiance de ceux et celles qui les ont
soutenus.
Tout en restant extrêmement vigilants et fermement opposés à ces
amalgames et instrumentalisations des immigrés, nous sommes conscients
de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre fin au
quinquennat désastreux de Nicolas Sarkozy sur le plan économique,
social et surtout moral en matière de respect des droits de l’homme et
d’égalité des droits. C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation
générale et citoyenne pour voter François Hollande. Mais nous
veillerons à ce qu’une fois élu - ce que nous souhaitons - , celui-ci
demeure fidèle à tous ses engagements.
Premiers signataires : Sophie Bessis Economiste Tarek Benhiba, Najet
Mizouni Professeur de droit public Mohsen Dridi Militant associatif
Alima Boumediene Ancienne sénatrice Gilles Manceron Historien Tewfik
Allal Militant associatif Kamel Jendoubi, Abderrazak Bouazizi, Chérif
Ferjani Professeur de sciences politiques Hichem Abdessamad Historien
Hédi Sraieb Economiste Muharrem Koc, Umit Metin, Mouhieddine Cherbib,
Joël Roman Philosophe, essayiste et éditeur Etienne Balibar Philosophe
Dominique Tricaud Avocat François Gèze Editeur Sonia Dayan-Herzbrun,
Abdallah Zniber et Gustave Massiah…
Envoyé le : Jeudi 3 mai 2012 12h26
Objet : [sidibouzid-solidarite] Libé : N’instrumentalisons pas l’immigration Tribune 02.05.2012
http://journal.liberation.fr/
Bonjour,
Cherbib vous invite à lire cet article :
N’instrumentalisons pas l’immigration
Toute l'actualité avec Liberation.fr
Tribune 02.05.2012
N’instrumentalisons pas l’immigration
Si la gauche, dans toutes ses composantes, a su convaincre une
majorité d’électeurs - parmi lesquels de nombreux habitants des
quartiers populaires et/ou issus de l’immigration -, c’est parce
qu’elle a marqué son rejet du bilan désastreux des cinq années de
Nicolas Sarkozy. Parce qu’elle a commencé à pointer les vraies causes
des problèmes économiques et sociaux (dont les conséquences sont
supportées par la grande majorité des Français), mais également parce
qu’elle s’est prononcée sur les questions sociétales et, entre autres,
sur sa volonté d’accorder aux étrangers non-communautaires le droit de
vote aux élections locales. En accordant majoritairement leurs
suffrages à la gauche et à François Hollande le 22 avril, une majorité
d’électeurs s’est clairement prononcée pour une société fondée sur
plus de justice et plus d’égalité.
En cette veille de second tour, il y a lieu d’être vigilant face aux
dangers de dérives xénophobes. La course aux voix des électeurs du FN
peut y conduire.
Il y a d’autant plus lieu d’être vigilant que ces dérives ne sont pas
le fait des seuls politiciens de droite. Nos craintes sont aussi
ailleurs. Que de fois, en d’autres circonstances, n’avons-nous été
trompés non seulement par les promesses non tenues (Mitterrand en
1981), mais aussi scandalisés par les déclarations inqualifiables
selon lesquelles l’extrême droite «posait les bonnes questions mais…».
Nos craintes sont d’autant plus fondées si l’on se réfère aux récentes
déclarations de certains responsables du Parti socialiste n’hésitant
pas à affirmer que des habitants des quartiers populaires souffrent de
l’insécurité, «souffrent d’une immigration clandestine non maîtrisée».
Les mêmes «émettent des doutes» quant au droit de vote ou à la
nécessité de régulariser les sans-papiers.
Nous n’acceptons pas que les questions liées à l’immigration soient
ainsi manipulées à des fins électoralistes. Revenir sur les promesses
et les propositions des candidats, c’est non seulement trahir la
confiance de millions d’électeurs qui ont voté pour la gauche mais,
qui plus est, cela n’aidera pas à gagner les électeurs du FN. Les
raisons du désarroi et de la désespérance des millions de gens qui se
sont soit abstenus, soit prononcés pour le Front national sont à
chercher ailleurs. C’est le modèle ultralibéral et le système
financier dominant qui ont fini par déposséder les pays et les Etats
de leur souveraineté ainsi que les peuples et les gens de leur
citoyenneté réelle. Plutôt que de s’en prendre à l’idée d’accorder le
droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales,
n’y a-t-il pas lieu au contraire de revendiquer encore plus de
citoyenneté, premier pas pour recouvrer plus de souveraineté pour tous
et toutes ?
Nous mettons en garde toutes celles et tous ceux qui seraient tentés
par les dérives démagogiques et les anathèmes contre les immigrés en
vue de gagner les suffrages des électeurs FN. Ils risquent de perdre
ceux-ci ainsi que l’âme et la confiance de ceux et celles qui les ont
soutenus.
Tout en restant extrêmement vigilants et fermement opposés à ces
amalgames et instrumentalisations des immigrés, nous sommes conscients
de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre fin au
quinquennat désastreux de Nicolas Sarkozy sur le plan économique,
social et surtout moral en matière de respect des droits de l’homme et
d’égalité des droits. C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation
générale et citoyenne pour voter François Hollande. Mais nous
veillerons à ce qu’une fois élu - ce que nous souhaitons - , celui-ci
demeure fidèle à tous ses engagements.
Premiers signataires : Sophie Bessis Economiste Tarek Benhiba, Najet
Mizouni Professeur de droit public Mohsen Dridi Militant associatif
Alima Boumediene Ancienne sénatrice Gilles Manceron Historien Tewfik
Allal Militant associatif Kamel Jendoubi, Abderrazak Bouazizi, Chérif
Ferjani Professeur de sciences politiques Hichem Abdessamad Historien
Hédi Sraieb Economiste Muharrem Koc, Umit Metin, Mouhieddine Cherbib,
Joël Roman Philosophe, essayiste et éditeur Etienne Balibar Philosophe
Dominique Tricaud Avocat François Gèze Editeur Sonia Dayan-Herzbrun,
Abdallah Zniber et Gustave Massiah…
jeudi 12 avril 2012
[ONU] L'ONU COMMÉMORE LE 18ÈME ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE AU RWANDA
L'ONU COMMÉMORE LE 18ÈME ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE AU RWANDA New York, Apr 12 2012 11:50AM Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a rendu hommage mercredi aux victimes du génocide au Rwanda en soulignant que la seule façon d'empêcher que de telles atrocités se reproduisent est de tirer les leçons de l'histoire.
« Le Rwanda a tiré les leçons de la terrible tragédie de 1994, et le monde aussi », a déclaré M. Ban dans un message vidéo diffusé lors d'une cérémonie au siège de l';ONU mercredi soir pour marquer le 18ème anniversaire du génocide. « Le Rwanda fait des progrès vers l'édification d';une société plus pacifique et plus juste. La communauté internationale s'emploie à faire en sorte que de telles tragédies ne se reproduisent jamais », a-t-il ajouté.
Plus de 800.000 personnes appartenant à l'ethnie Tutsi et des Hutus modérés ont été tués en 1994 pendant trois mois de carnage qui ont suivi la mort du Président de l'époque Juvénal Habyarimana.
Dans son message, le Secrétaire général a souligné les efforts de la communauté internationale pour renforcer les mécanismes de prévention des conflits, la médiation et pour de défendre la responsabilité de protéger.
« Le Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui a prononcé les premiers verdicts jamais émis par une juridiction internationale sur le crime de génocide, continue de rendre la justice et d'établir les responsabilités. La Cour pénale internationale est quant à elle devenue un instrument de dissuasion efficace contre ceux qui auraient l'intention de commettre des crimes graves », a rappelé M. Ban.
« À tous ceux qui, de par le monde, s'obstinent à réprimer leurs concitoyens réclamant la dignité et la liberté, notre message est clair : justice sera faite. L'impunité doit devenir un vestige du passé », a-t-il ajouté.
M. Ban a souligné que les génocides relèvent d'une responsabilité collective et il a appelé les pays à poursuivre le travail commun pour assurer un avenir sans génocides. Le thème choisi pour la commémoration cette année est « Tirer les leçons de l'histoire pour façonner un avenir radieux ».
Lors de la cérémonie mercredi soir au siège de l'ONU, des extraits de lettres d'orphelins, de veuves et de génocidaires emprisonnés ont été lus. Des bougies ont été allumées, il y a eu un concert et des discours.
Apr 12 2012 11:50AM
________________
Suivez-nous aussi sur Facebook (http://www.facebook.com/Centre.Actualites.ONU) et Twitter (http://twitter.com/CentreActuONU).
Veuillez consulter le site du Centre de nouvelles ONU pour plus d'information http://www.un.org/french/newscentre/
« Le Rwanda a tiré les leçons de la terrible tragédie de 1994, et le monde aussi », a déclaré M. Ban dans un message vidéo diffusé lors d'une cérémonie au siège de l';ONU mercredi soir pour marquer le 18ème anniversaire du génocide. « Le Rwanda fait des progrès vers l'édification d';une société plus pacifique et plus juste. La communauté internationale s'emploie à faire en sorte que de telles tragédies ne se reproduisent jamais », a-t-il ajouté.
Plus de 800.000 personnes appartenant à l'ethnie Tutsi et des Hutus modérés ont été tués en 1994 pendant trois mois de carnage qui ont suivi la mort du Président de l'époque Juvénal Habyarimana.
Dans son message, le Secrétaire général a souligné les efforts de la communauté internationale pour renforcer les mécanismes de prévention des conflits, la médiation et pour de défendre la responsabilité de protéger.
« Le Tribunal pénal international pour le Rwanda, qui a prononcé les premiers verdicts jamais émis par une juridiction internationale sur le crime de génocide, continue de rendre la justice et d'établir les responsabilités. La Cour pénale internationale est quant à elle devenue un instrument de dissuasion efficace contre ceux qui auraient l'intention de commettre des crimes graves », a rappelé M. Ban.
« À tous ceux qui, de par le monde, s'obstinent à réprimer leurs concitoyens réclamant la dignité et la liberté, notre message est clair : justice sera faite. L'impunité doit devenir un vestige du passé », a-t-il ajouté.
M. Ban a souligné que les génocides relèvent d'une responsabilité collective et il a appelé les pays à poursuivre le travail commun pour assurer un avenir sans génocides. Le thème choisi pour la commémoration cette année est « Tirer les leçons de l'histoire pour façonner un avenir radieux ».
Lors de la cérémonie mercredi soir au siège de l'ONU, des extraits de lettres d'orphelins, de veuves et de génocidaires emprisonnés ont été lus. Des bougies ont été allumées, il y a eu un concert et des discours.
Apr 12 2012 11:50AM
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mardi 10 avril 2012
[AFRIQUE/MALI] Les raisons françaises de la déstabilisation du Mali
Les raisons françaises de la déstabilisation du Mali
Par Calixte Baniafouna
Par Calixte Baniafouna
La France se prépare à déstabiliser le Mali. Et pour cause ? Il y en a trois qui relèvent principalement des raisons classiques : les intérêts « français » et « individuels ».
Des intérêts français, la découverte du pétrole au Mali en est le déclencheur des hostilités. Bamako, 12 mai 2002, aussitôt élu président de la République avec 64,35% des voix au deuxième tour, Amadou Toumani Touré (ATT pour les intimes) fait un rêve, celui de faire du Mali un pays producteur du pétrole. Mais le rêve ne dit pas que l’or noir est un or du diable, qui insère son producteur au rang de la malédiction où d’autres anciennes colonies françaises comme le Congo Brazzaville, le Gabon... sont depuis, tenus en laisse par Paris. Le Mali peut toujours jouer le jeu de la démocratie en organisant des élections crédibles et en assurant des alternances dans la paix tant qu’une goutte de pétrole ne coule pas encore du bassin de Taoudéni
dans le nord du pays. Taoudéni ? C’est à la fois une cuvette dont le dépôt centre atteint plus de 5000 m d’épaisseur et une superficie d’environ 1.500.000 km², soit le plus vaste bassin sédimentaire on-shore d’Afrique occidentale, qui s’étend hors du Mali au Niger, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Algérie. Cette précision est d’une importante capitale à noter pour la suite de l’analyse.Il est de bon augure pour ATT de créer, dès 2004, l’Autorité pour la promotion de la Recherche Pétrolière au Mali (AUREP). Des conventions de partage de production et de concession pour 29 blocs répartis sur cinq bassins sédimentaires sont signées entre le gouvernement malien (9 blocs) et les sociétés de recherche pétrolière pour les 20 autres blocs. Parmi ces sociétés, il y a la compagnie italienne d’hydrocarbure ENI (50%), l’australienne Baraka Petroleum (25%) et l’Algérienne SIPEX (25%), dont les opérations de sondages sismiques des blocs 1, 2, 3, 4 et 9 sont assurées par l’Entreprise Nationale Algérienne de Géophysique (ENAGEO), une filiale de SONATRACH qui est la première des douze sociétés pétrolières d’Afrique. Sans oublier l’apport de 46 milliards de FCFA par PetroPlus Angola, destinés à la promotion de la recherche pétrolière, à l’exploitation, au transport, au raffinage des hydrocarbures liquides et gazeux, et à la formation du personnel technique malien.
Très bien tout cela ! Sauf que dans l’Eden du pétrole d’un pays tenu en laisse par la France, citer ou ne pas citer le nom de Total/Elf est synonyme de consommation d’un fruit qui rend ivre et provoque de grands changements aux consommateurs. Car, présent ou non auprès d’eux, Total/Elf est un serpent toujours présent dans l’Eden du pétrole et dont on ne peut qu’être pénétré de son influence. L’ivraie s’introduit parmi le bon grain ; d’où le péché originel qui expose d’ores et déjà, pour de nombreuses décennies, des générations maliennes entières à en payer le prix.
Deuxième raison de la déstabilisation amorcée du Mali, l’influence géostratégique de la France sur l’Afrique néocoloniale.
Sans pétrole, les Maliens sont aujourd’hui fort différents de ce que, hélas, ils deviendront dans un proche avenir. Leur paisible existence n’est pas le fait de la pauvreté du pays qui les épargnerait du vampirisme de l’ancien colonisateur. Un ancien colonisateur qui, pour poursuivre le pillage de ses anciennes colonies, a toujours utilisé le principe de « diviser pour mieux régner ». Le Mali n’est pas en effet ce pays que l’on présente comme dépourvu des matières premières censées susciter la convoitise des requins occidentaux. Ce n’est pas rien que d’être, comme le Mali, le troisième producteur d’or d’Afrique derrière l’Afrique du sud et le Ghana. Son bétail, son coton, son fer, voire son arachide sont autant de produits d’exportation à forte demande mondiale.
Avec le pétrole, les Maliens recevront bientôt un devenir formel et temporel. Tout ce qui en eux de spirituel actuellement se muera en chair, matière, instrumentalité et réceptivité… exactement comme au Congo Brazzaville ! Larmes et sang couleront bientôt dans la miséricorde d’une France, elle aussi en larmes de crocodile, qui se dira totalement effondrée par la pitié pour ce peuple africain dont elle n’aurait toujours voulu que du bien mais qui aurait préféré vivre dans des souffrances volontaires. Cette pauvre France qui sera encore obligée d’intervenir au Mali comme elle l’a fait en Côte d’Ivoire et en Libye où le peuple savoure désormais le fruit de la démocratie comme jamais il n’en était aussi savoureux dans aucune autre grande démocratie du monde.
Comme en Côte d’Ivoire ou en Libye, le principe de « diviser pour mieux régner » est parfaitement sous orbite au Mali. Objectif : commencer par diviser le Mali en zones nord et sud avec, au milieu des deux zones, des armées étrangères d’interposition (genre Licorne, Casques blancs, Casques bleus…) qui, au nom de la réunification du pays, les occuperont progressivement pour s’y implanter quasi-définitivement, le temps que la France installe durablement ses larbins et s’assure de la mainmise de l’or noir annoncé afin de procéder au pillage avec autant de cruauté que d’avidité. Ficelle de la scission tirée dans la clandestinité depuis Paris et bien d’autres capitales occidentales, les rebelles se sont déjà constitués dans le nord du Mali en un mouvement tribal appelé Azawad. Équipés par les maîtres occidentaux d’une quantité impressionnante d’armes, de munitions et autres matériels de guerre en provenance d’Europe et de la Libye, ils ont lancé les attaques contre les garnisons militaires de la région et occupe actuellement toute la partie nord du pays. Pour affiner la stratégie de la déstabilisation du Mali, le Quai d’Orsay peut sans gêne recevoir à visage ouvert les membres voilés de cette rébellion d’autant que toute forme d’aide qui leur est due ne peut que relever du bon sens, le prétexte étant tout trouvé : le combat contre Al-Qaïda au Maghreb islamique.
La troisième raison de la déstabilisation du Mali par la France, enfin, relève de la mesquinerie d’un homme : Nicolas Sarkozy. De Dominique de Villepin à Mouammar Kadhafi en passant par Laurent Gbagbo, chacun d’eux (du moins pour les survivants) a souvenir que Sarko n’oublie ni ne rate quiconque l’aurait éclaboussé sur le chemin de ses abus du pouvoir au point de réduire en affaire personnelle toute affaire d’État qui oserait contrarier sa vision des choses. Mieux que tout citoyen malien, Nicolas Sarkozy savait parfaitement qu’Amadou Toumani Touré était à un mois de sa retraite politique et ne se présenterait plus à l’élection présidentielle annoncée pour fin avril 2012. Malgré tout, lui laisser partir sans l’humilier passerait Sarko pour vaincu ; d’où le putsch qui n’aura eu ni sens ni fondement. En incitant une partie de l’armée malienne à destituer un président en fin de mandat, Sarko a voulu tout simplement se faire plaisir, montrer qu’il reste le chef et pousser ses obligés (CEDEAO, larbins des palais, etc.) à s’occuper, à se rendre indispensables et à finir par décliner leur impuissance pour les obliger de faire appel à l’éternel sauveur, la France.
Parvenue à ses fins, la France dirait qu’elle n’aurait rien fait en soi qui ne fût un ordre venu des Africains eux-mêmes ou de l’ONU. Vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, ATT aura ainsi payé un temps ses doutes dans la manière d’instaurer la démocratie en Côte d’Ivoire et son opposition à l’assassinat de Kadhafi par Nicolas Sarkozy, au nom de la démocratie alors qu’en réalité, les raisons de la haine sont strictement personnelles. ATT humilié, le putsch n’a plus de raison d’être ; les abrutis à l’ordre et au service du maître n’ont plus qu’à rétablir les institutions déclarées caduques il y a seulement quelques semaines et rentrer dans les casernes pour attendre, disciplinés, que l’armée véritable débarque de Paris pour venir tracer les limites de la division du Mali.
En entendant que les larbins d’Abidjan et de Ouagadougou, courroie de transmission via la CEDEAO, transmettent l’ordre venu de l’Élysée pour annexer le Mali au concert des nations non plus de la démocratie initiée par ATT mais de celle de la Françafrique, si chère aux valeurs de la République française. Et ce, pour de longs siècles encore, tant que la « mère patrie » trouvera sur le sol africain des répondants qui sont toujours prêts à passer pour de braves soldats… en fait de piètres serviteurs.
vendredi 2 mars 2012
[CAMEROUN] La prison pour avoir refusé de céder ses terres aux Chinois
[NOTRE COMMENTAIRE - NDLR] Le Gouvernement Camerounais exproprie ses citoyens et brade les terres au profit des investisseurs chinois. Celui qui n'obéit pas va en prison. Si on n'y prend garde, demain ce sera le sujet des prochaines guerres en Afrique, voire des génocides par des gouvernements corrompus...
Quotidien Mutations | le Jeudi 1 mars 2012
La prison pour avoir refusé de céder ses terres aux Chinois
Un agriculteur de l'est a contesté une décision gouvernementale l'obligeant à céder ses terres aux agriculteurs chinois. Le Cameroun a adopté une politique de redistribution des terres qui favorise les investisseurs chinois au détriment de ses propres citoyens.
Par Mohamadou Houmfa, Radio Nederland - Yaoundé
Dans la ville d'Akak, dans l'est, l'avenir d'une famille est en jeu. Fa'a Embolo Joseph, un père de 59 ans, pourrait perdre ses 10.000 hectares de terres au profit de cultivateurs de riz chinois. Depuis 2009, le gouvernement camerounais s'emploie à fournir aux investisseurs chinois un traitement préférentiel en matière de distribution des terres.
«Mes enfants sont très inquiets. Ils savent que je me bats pour leur avenir. Si je ne fais pas cela, ils risquent de ne pas hériter de la terre de leurs ancêtres", explique Joseph, qui est déterminé à s'opposer à la décision du gouvernement.
Il y a trois ans, Joseph avait été convoqué au bureau du chef du village où il lui a été demandé de remettre ses terres plus aux nouveaux propriétaires chinois, dit-il. "Deux jours plus tard, des gens sont venus pour effectuer des mesures sur le terrain. Ensuite, j'ai coupé l'accès à ma terre avec trois troncs d'arbres. "
Intimidation
Le 14 Février Joseph a été condamné à un an de prison pour «rébellion». Il a décidé de faire appel, ce qui lui a coûté 95 000 francs CFA (145 euros). Ce n'était pas la première fois qu'il était pénalisé. L'année dernière, il avait purgé une peine de prison de quatre mois pour avoir bloqué l'accès à ses terres aux autorités, ainsi qu'à des ressortissants chinois.
Joseph soutient que les gens dans la population vivant dans les zones rurales est souvent victime d'abus, à cause de l'ignorance. «Dans les villages, il arrive souvent que les autorités tentent de tromper la population, la majorité des gens n'ont pas été à l'école."
Joseph est en colère contre les autorités qu'il accuse de ne pase se soucier de ses problèmes. "Nous ne savons pas encore si nous allons être indemnisés pour la perte des terres et, si oui, combien nous recevrons. Cette terre est très importante pour nous. Nos ancêtres sont enterrés ici, et la forêt qui nous nourrit."
La prison pour avoir refusé de céder ses terres aux Chinois
Un agriculteur de l'est a contesté une décision gouvernementale l'obligeant à céder ses terres aux agriculteurs chinois. Le Cameroun a adopté une politique de redistribution des terres qui favorise les investisseurs chinois au détriment de ses propres citoyens.
Par Mohamadou Houmfa, Radio Nederland - Yaoundé
Dans la ville d'Akak, dans l'est, l'avenir d'une famille est en jeu. Fa'a Embolo Joseph, un père de 59 ans, pourrait perdre ses 10.000 hectares de terres au profit de cultivateurs de riz chinois. Depuis 2009, le gouvernement camerounais s'emploie à fournir aux investisseurs chinois un traitement préférentiel en matière de distribution des terres.
«Mes enfants sont très inquiets. Ils savent que je me bats pour leur avenir. Si je ne fais pas cela, ils risquent de ne pas hériter de la terre de leurs ancêtres", explique Joseph, qui est déterminé à s'opposer à la décision du gouvernement.
Il y a trois ans, Joseph avait été convoqué au bureau du chef du village où il lui a été demandé de remettre ses terres plus aux nouveaux propriétaires chinois, dit-il. "Deux jours plus tard, des gens sont venus pour effectuer des mesures sur le terrain. Ensuite, j'ai coupé l'accès à ma terre avec trois troncs d'arbres. "
Intimidation
Le 14 Février Joseph a été condamné à un an de prison pour «rébellion». Il a décidé de faire appel, ce qui lui a coûté 95 000 francs CFA (145 euros). Ce n'était pas la première fois qu'il était pénalisé. L'année dernière, il avait purgé une peine de prison de quatre mois pour avoir bloqué l'accès à ses terres aux autorités, ainsi qu'à des ressortissants chinois.
Joseph soutient que les gens dans la population vivant dans les zones rurales est souvent victime d'abus, à cause de l'ignorance. «Dans les villages, il arrive souvent que les autorités tentent de tromper la population, la majorité des gens n'ont pas été à l'école."
Joseph est en colère contre les autorités qu'il accuse de ne pase se soucier de ses problèmes. "Nous ne savons pas encore si nous allons être indemnisés pour la perte des terres et, si oui, combien nous recevrons. Cette terre est très importante pour nous. Nos ancêtres sont enterrés ici, et la forêt qui nous nourrit."
jeudi 23 février 2012
Alasanne Ouattara, l'homme par qui le chômage ethnique est arrivé
ALASANNE OUATTARA, L'HOMME PAR QUI LE CHÔMAGE ETHNIQUE EST ARRIVÉ.
Par Mamadou Koulibaly, Président de LIDER
Le 06 mai 2012, Alassane Dramane Ouattara achèvera sa première année à la tête de la Côte d’Ivoire. Dans le microcosme RHDP en général et RDR en particulier, l’on pourrait s’attendre à de nouveaux feux d’artifice dans le ciel abidjanais, à l’image de la «fête des lumières» célébrée par le couple présidentiel à l’occasion de la fin d’année 2011.
Un constat s’impose pourtant: Au lieu du million d’emplois promis lors de sa campagne électorale de 2010, ce sont plutôt des milliers de chômeurs en plus qu’Alassane Ouattara a déversé en Côte d’Ivoire depuis son accession à la magistrature suprême il y a près d’un an maintenant. En effet, à peine installé au pouvoir, le nouveau président a procédé à des purges impressionnantes dans l’Administration et les entreprises publiques, sous prétexte d’en réduire les effectifs jugés pléthoriques. Cela pourrait être louable si les personnes licenciées ou mises au chômage n’étaient pas automatiquement remplacées par des militants nordistes de Ouattara et de son clan, ou par des membres de leurs familles. Il ne s’agit donc pas de nécessaires opérations de dégraissage ou de mises au chômage technique, mais bel et bien d’un nouveau concept créé par le pouvoir en place, qui se fait au nom des nordistes de Côte d’Ivoire : le chômage ethnique. Selon le secrétaire général adjoint de l’Union Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), ce sont près de 80.000 employés qui avaient, au mois d’août 2011, perdu leurs emplois des suites de la crise postélectorale.
La tribu comme premier critère qualifiant
Les dernières manœuvres en date sont celles opérées, entre autres, au sein du Port Autonome d’Abidjan, de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI), du ministère de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme et de la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), où plus d’un millier de personnes ont été mises sur la touche pour être supplantées par des gens qui partagent tous des caractéristiques communes : avoir la bonne religion, être originaire de la bonne région, militer au bon parti et appartenir au bon clan.
Ce tribalisme d’Etat domine également l’affectation des cadres politiques aux dépens de la compétence et de l’éthique : après plusieurs dizaines de nominations ethniques, Ouattara, lui-même originaire du Septentrion, envisage ainsi installer un autre nordiste au perchoir de l’Assemblée nationale. Confronté à ce sectarisme par des journalistes français, le président ivoirien a, sans sourciller, admis qu’il était au pouvoir pour faire du rattrapage ethnique. Loin de s’offusquer de ces propos outranciers et dangereux, le partenaire gouvernemental du RDR se mure dans un silence d’autant plus complice que son président Henri Konan Bédié est l’inventeur du pernicieux concept de l’ivoirité, totalement en phase avec le principe de la préférence ethnique pratiqué par son ex-adversaire.
Les Ivoiriens et la communauté internationale mesurent-ils la gravité des propos tenus par le Président Ouattara et sont-ils conscients des conséquences des politiques qui s’en suivent ? Ceux qui se réjouissent de l’apartheid tribal pratiqué par Ouattara et les nordistes qui assistent en silence à l’instrumentalisation de leur groupe ethnique se rendent coupables de complicité de purification et de division durable de la Nation ivoirienne en construction. Ce genre d’attitudes et de paroles maintient les populations dans un cercle vicieux de violence et de vengeance. Il est important de rappeler aux partisans du repli identitaire qui s’apprêtent à célébrer bruyamment et en grande pompe l’an Un de l’accession de leur champion à la présidence que le plus fort d’aujourd’hui ne demeurera pas indéfiniment en position d’écraser tous les autres. Nul ne peut se maintenir éternellement au pouvoir. Un jour, le règne de Ouattara prendra fin. Et après lui, les Dioula sont-ils prêts à affronter le regard et la revanche des autres Ivoiriens contre lesquels la politique de rattrapage ethnique a été élaborée et mise en place ? Sont-ils amnésiques au point d’avoir oublié comment les Baoulé ont plus ou moins disparu du paysage lorsque Bédié a perdu le pouvoir ou comment les Bété se terrent depuis la chute de Gbagbo ?
Les graves dérives langagières et politiques du gouvernement mettent en danger le peu de cohésion sociale qui subsiste et hypothèquent l’avenir des populations qui aspirent enfin au progrès, à la paix et à la prospérité. Afin d’éviter les ravages d’une nouvelle poudrière identitaire plus meurtrière que celle que le pays vient de connaître, il est donc plus que temps que les Ivoiriens responsables refusent de se laisser instrumentaliser par des individus pernicieux, uniquement préoccupés par le bien-être de leur clan, et rejettent sans ménagement tous les partis politiques au sein desquels le repli ethnico-tribal n’est pas inlassablement combattu.
Abidjan, le 22 février 2012
Mamadou Koulibaly
Président de LIDER
Liberté et Démocratie pour la République
mardi 17 janvier 2012
[Afrique] Le Franc CFA : un anachronisme colonial
Le franc CFA: un anachronisme colonial
Dimanche, 15 Janvier 2012 07:11
René Mavoungou Pambou
Tribune libre
La France perpétue une politique néocoloniale et prédatrice vis-à-vis des néocolonies de son pré carré africain. A l’évidence sans ces dernières la France ne saurait faire le poids sur la scène internationale. Non seulement l’Afrique lui procure l’indépendance énergétique, mais elle y tire également sa vigueur économique. Pour ce faire, le franc CFA (franc des colonies françaises d’Afrique) a été conçu et imposée depuis 1945 à 14 colonies pour le profit de la France principalement. Le franc CFA est non seulement le seul système monétaire colonial au monde ayant survécu à la décolonisation, mais il est surtout le pilier par excellence du pacte colonial, d’autant qu’il permet à la France de contrôler et de piller les économies des Etats faisant partie de cette zone monétaire. Il convient de signaler que l’une des clauses de ce pacte réside dans la centralisation des réserves de change. En effet, en contre partie de la convertibilité illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines s'engagent à déposer au moins 65% de leurs réserves de change auprès du Trésor français, sur des comptes portant le doux nom de « Comptes d'opérations ». Imaginez-vous, 65% des avoirs (masse conséquente d’argent) de nos pays déposés chaque année dans un compte logé à l'étranger, alors que des infrastructures de base (hôpitaux, écoles, routes…) attendent d’être construites. A cela s’ajoute le fait qu’une bonne partie de la ponction, non moins importante, relative aux détournements des deniers publics opérés par les dirigeants africains finit dans des banques françaises.
Notons que ces Etats africains, une fois confrontés à des soucis de trésorerie, se tournent naturellement vers la France pour des prêts. Des prêts qu’elle leur accorde volontiers en puisant dans ces mêmes comptes d'opérations. Bien évidemment, le remboursement de ces prêts est soumis à des taux d’intérêt colossaux. Les congolais et toutes les populations de la zone CFA sont volés pour ainsi dire par un jeu monétaire subtil mais diaboliquement efficace de la France. On ne saurait hésiter de voir en un tel système l’incarnation achevée d’un néocolonialisme négrophobe.
On est face à un mécanisme de spoliation et d’asservissement financier pompeusement estampillé « légal ». Par ce système inique et pervers la France exploite plus que doublement les Africains. C’est ici le comble d’une Afrique à la fois riche, paupérisée et réduite en mendiante ! En somme, les Africains ploient sous le joug d'une servitude financière. A cela s’ajoute le pillage de nos matières premières. La France prospère allègrement sur le terreau de la misère des Africains et contribue ipso facto au développement du sous-développement. On ne le dira jamais assez la prétendue “douce” France et droit de "l’hommiste" est en partie responsable de la misère et de la pauvreté chroniques imposées aux Africains. A quand la fin de cette exploitation éhontée et de la domination impérialiste? Ce siphonage de l’argent des Africains est tel que, étranglés par une misère épouvantable, ces derniers émigrent en masse à l’étranger, notamment en France. Mais paradoxalement ici, ils ne sont guère les bienvenus, car taxés d’envahisseurs indésirables qui arrachent le pain de la bouche des français. De par cette attitude incongrue et xénophobe, les français ne joueraient-ils pas les vierges effarouchées ?
De ce qui précède, la preuve indéniable nous vient des aveux sans ambiguïté de Jacques Chirac dans un entretien télévisé : " Une grande partie de l'argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l'exploitation depuis des siècles de l'Afrique ". De terribles révélations qui reposent le débat sur l’existence du franc CFA et l'indépendance monétaire voire économique des anciennes colonies françaises d'Afrique. " Il faut avoir un petit peu de bon sens, (...) de justice pour rendre aux Africains ce qu'on leur a pris d'autant que c'est nécessaire si l'on veut éviter les pires convulsions ou difficultés avec les conséquences politiques que cela comporte ", avait-t-il confessé.
La France perpétue sans état d’âme une politique d’exploitation financière et de mainmise sur les matières premières de l'Afrique. C’est pourquoi tous ceux des leaders nationalistes africains qui osent remettre en cause le statu quo (l’ordre néocolonial) sont souvent évincés du pouvoir quand ils ne sont simplement réduits au silence. C’est ainsi que Sylvanus Olympio, premier président du Togo, sur le point de créer une nouvelle monnaie pour son pays, est assassiné le 1963 des suites d’un coup d’Etat commandité par la France. Thomas Sankara, après avoir compris le système pervers d’exploitation mis en place par les anciennes puissances coloniales, en vint à conclure que celles-ci devaient beaucoup plus les Etats africains, et par conséquent incitait les dirigeants du tiers-monde à ne pas honorer la lourde dette financière dont ils sont redevables vis-à-vis des pays occidentaux. Le France ayant estimé qu’il était trop dérangeant lui fit subir une fin tragique en 1987. Dans les années 70, Elf-Congo amorce l’exploitation du pétrole au Congo-Brazzaville, Marien Ngouabi, un tenant du marxisme-léninisme, se montre très critique vis-à-vis d’une France impérialiste, et est moins enclin à protéger les intérêts de celle-ci. Aussi la France est perçue par d’aucuns comme la main noire ayant commandité son assassinat. Pour avoir fait perdre à la France la gestion effective du pétrole congolais, en 1997 Pascal Lissouba, président démocratiquement élu, est renversé des suites d’un coup d’Etat sanglant avec bien sûr la complicité de l’Elysée. Récemment, lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, face à la stratégie d’asphyxie des banques ivoiriennes initiée par ses adversaires, Laurent Gbagbo a envisagé de quitter le franc CFA et créer une monnaie autonome. Ceci aura été la vexation de trop pour laquelle il s’est attiré davantage les foudres de la France au point de manquer in extremis la mort. Non contente de l’avoir arrêté et confié aux mains des FRCI, la France a fomenté son enlèvement et sa déportation à la CPI de la Haye (Pays Bas), et ce en violation flagrante de la procédure judiciaire. Il y a cependant lieu de déplorer la subordination ou du moins servilité aveugle de certains hommes politiques africains à l’endroit de la France. Ce qui les pousse à éliminer leurs compatriotes au nom des intérêts d’une puissance néocoloniale. La France profite sans complexe de la félonie des autocrates et autres potentats notoires qu’elle a hissé à la tête des Etats de son pré carré !
En somme, on retiendra que la France rechigne quant à la pleine émancipation des Africains et leur refuse obstinément le droit à la souveraineté monétaire par le maintien d’un anachronisme colonial qu’est le franc CFA. C’est pourquoi il sied d’affirmer que la décolonisation est un processus inachevé dans ce sens que la prédation financière et économique du continent est toujours en vigueur et que la domination politique, militaire, culturelle de la puissance néocoloniale se poursuit. On ne saurait indéfiniment transiger avec la prédation encore moins de se complaire d’une pseudo indépendance! Il est donc impérieux pour les Africains de s’unir et ensemble de se battre en vue de la libération effective du carcan de l’asservissement sinon du joug néocolonial, car l’indépendance nominale octroyée n’est en réalité qu’une autonomie. La véritable indépendance, à laquelle nous aspirons, ne s’acquerra que de haute lutte. Il appert cependant que l’indépendance est une valeur qui vaut la peine qu’on se batte et qu’on se sacrifie pour elle. C’est pourquoi il convient d’avoir présent à l’esprit que de toutes les libertés humaines, la plus sacrée est l’indépendance de la patrie.
René Mavoungou Pambou
Ndlr - Le franc des Colonies françaises d'Afrique est devenu le franc de la Communauté financière africaine (Fcfa)
- Au sujet des enjeux du franc CFA écouter à ce sujet les explications du Professeur Nicolas Agbohou
- Lire également : Koulibaly Mamadou, Les servitudes du pacte colonial, Ed. CEDA/NEI, Abidjan (Côte d’Ivoire), 2005.
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SOURCE : http://www.mwinda.org
lundi 9 janvier 2012
CÔTE D'IVOIRE : Les pénuries de sang font des victimes dans l'Ouest du pays
MAN, 8 janvier 2012 (IRIN) - Dans les hôpitaux et les établissements de santé de l'ouest de la Côte d'Ivoire, les pénuries de sang sont à l'origine de décès qui auraient pu être évités, en particulier parmi les enfants, selon des responsables de la santé locaux et internationaux.
Quatre-vingt-six personnes qui avaient besoin de transfusions sanguines sont décédées à l'hôpital de Man, le principal établissement de l'ouest du pays, pendant les 11 premiers mois de 2011. Selon les dossiers de l'hôpital, les trois quarts d'entre eux étaient des enfants.
« De nombreuses personnes meurent dans l'ouest à cause des pénuries de sang et des difficultés d'accès au sang », a dit Bisimwa Ruhana-Mirindi, coordonnateur du groupe sectoriel Santé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En 2011, les violences postélectorales ont rendu l'accès au sang presque impossible pendant plusieurs mois, a ajouté M. Ruhana-Mirindi. Les citoyens craignaient de se rendre dans les hôpitaux ou dans la seule banque de sang de la région, à Daloa (à 180 kilomètres de Man), à cause des groupes armés qui continuaient de tenir des postes de contrôle illégaux. Pendant cette période, les campagnes de collecte de sang de routine ont cessé.
Les dossiers médicaux montrent que, parmi les 923 personnes qui avaient besoin de transfusions sanguines à l'hôpital de Man, 19 pour cent n'en ont pas reçu, et que la moitié d'entre elles sont décédées.
La plupart des patients qui avaient besoin de transfusions étaient des enfants comme Soumaïla Djiré, un jeune homme de 13 ans qui souffre d'une anémie due au paludisme. Lorsqu'IRIN s'est rendu à l'hôpital, Soumaïla était très maigre et respirait difficilement. Les médecins disposaient d'une seule poche de sang pour le soigner, mais le pédiatre disait qu'il en faudrait plus. La famille n'avait pas les moyens de se rendre à la banque de sang située à Daloa.
Les proches de Soumaïla n'auraient pas pu donner du sang sur place non plus : « L'hôpital [de Man] ne dispose pas des équipements adéquats pour collecter et entreposer du sang conformément aux normes nationales », a dit Anderson Latt, coordonnateur régional de la santé pour l'OMS.
Pendant les violences postélectorales, le système de santé a été pratiquement paralysé dans l'ouest du pays. Les établissements de santé ont été pillés, les membres du personnel ont abandonné leur poste et le gouvernement a cessé de verser des salaires aux travailleurs de la santé.
Depuis la prise de fonction du président Alassane Ouattara en mai 2011, le gouvernement a ordonné au personnel médical de retourner au travail et a commencé à leur verser un salaire régulier et à organiser des visites sur le terrain pour veiller au bon fonctionnement des cliniques, selon M. Latt.
« Le gouvernement contribue à rétablir les systèmes de santé, et il a également distribué des fournitures médicales dans les établissements de santé », a dit M. Latt. La première dame, Dominique Ouattara, a aussi donné plusieurs ambulances à des hôpitaux situés dans l'ouest du pays.
Manque d'argent
Or, selon M. Latt, certaines ambulances ont été volées et la difficulté et les coûts que suppose l'accès à la seule banque de sang de la région ont entraîné de nombreux décès. Les proches des patients doivent faire le trajet jusqu'à la banque de sang et le centre de transfusions de Daloa. Il faut compter plus de quatre heures pour s'y rendre en ambulance, et on ne peut pas toujours y obtenir du sang. L'hôpital de Man demande 140 dollars pour envoyer l'ambulance à la banque de sang. Rares sont les familles qui ont les moyens de se le permettre. La plupart d'entre elles dépendent des transports publics.
« Pendant ce temps, l'enfant est peut-être en train de mourir », a dit M. Latt.
La banque de Daloa distribue des poches de sang à l'hôpital de Duékoué, au sud de Man, mais celui de Man ne dispose pas des installations nécessaires pour les entreposer, a indiqué Alassan Coulibaly, le directeur de l'hôpital. L'organisation Save the Children vient livrer du sang en provenance de Daloa environ une fois par semaine, mais l'hôpital l'utilise « tout de suite », a dit M. Coulibaly, ajoutant : « Chaque fois que quelqu'un a besoin de sang, ils doivent aller à Daloa ».
L'hôpital de Duékoué est lui aussi confronté à des pénuries de sang, a dit un médecin de l'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) qui travaille dans l'établissement. MSF y offre des soins gratuits, et notamment des opérations chirurgicales, ce qui attire un grand nombre de patients. Toutefois, la demande dépasse l'offre, a dit Sarah Pestieau, médecin pour MSF, ajoutant : « Cet hôpital bénéficierait grandement de la création d'un centre de transfusions ».
L'hôpital de Man ne dispose que d'une seule ambulance. Par ailleurs, elle ne bénéficie pas du soutien de MSF et se trouve encore plus loin de la banque de sang. À cause des coûts et des difficultés que suppose l'accès au sang, les familles et les médecins attendent que les cas s'aggravent : « Nous finissons par attendre que des symptômes graves se manifestent, comme une respiration difficile. ou le coma », a dit Horace Akapo, pédiatre à l'hôpital de Man.
L'OMS et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) ont mené une campagne de collecte de sang entre mars et juin 2011, alors que les combats faisaient rage, et ont ensuite distribué près de 5 000 poches de sang à des hôpitaux difficilement accessibles situés dans l'ouest du pays, a indiqué l'OMS. Les fonds se sont cependant épuisés en juin. « Nous avons eu du soutien pendant un certain temps, mais nous n'avons plus d'argent dans notre budget [pour des collectes et des distributions de sang] », a dit M. Latt.
lb/oss/cb-gd/amz[FIN]
Cet article en ligne: http://www.irinnews.org/reportfrench.aspx?reportID=94600
Nouveau film sur le Burundi: Tourner la page du passé? http://www.irinnews.org/film/?id=4512
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[Cet article vous est envoyé par IRIN, le service de nouvelles et d'analyses humanitaires du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA). Les opinons exprimées dans les articles d'IRIN ne reflètent pas nécessairement le point de vue des Nations Unies ou de ses Etats membres. Toute reproduction ou republication à des fins non commerciales est autorisée, à condition de mentionner la source IRIN. Dispositions et conditions d'utilisation: http://www.irinnews.org/fr/copyrightfr.aspx]
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