Tribune. Le temps du dialogue est révolu: place à la transition politique
Alors que le Congo-Brazzaville traverse une crise politique
prolongée, Modeste Boukadia, président du Cercle des Démocrates et
Républicains du Congo (CDRC), revient sur les multiples appels au
dialogue qu’il a lancés au fil des années — tous restés lettre morte.
Face à l’enlisement, il estime que le temps n’est plus aux discussions
stériles, mais à une transition politique en profondeur. Une transition
qui permettrait non seulement de restaurer l’unité nationale, mais aussi
de rebâtir des relations équilibrées et respectueuses avec les
partenaires internationaux. (Service Presse du CDRC)
TRIBUNE | Le temps du dialogue est révolu : place à la transition politique
Par Modeste Boukadia
L’Histoire est notre repère.
Lorsque Laurent-Désiré Kabila proposa au Maréchal Mobutu Sese Seko de
quitter le pouvoir pour éviter le chaos, ce dernier répondit avec mépris
: « C’est une plaisanterie de mauvais goût ! » Nous connaissons la
suite. L’Histoire, souveraine, a tranché.
Depuis de nombreuses années, face à la dérive autoritaire et à la
détresse du peuple congolais, j’ai multiplié les propositions de sortie
de crise. Toutes, sans exception, ont été fondées sur l’idée que seule
une solution politique, négociée et inclusive, pouvait éviter le pire.
J’ai successivement appelé à une Conférence internationale, proposé une Table ronde, tendu la main du dialogue, défendu l’idée d’un Compromis politique historique. J’ai même suggéré, à l’image de ce qui s’était fait en Côte-d’Ivoire avec le dialogue de Marcoussis, qu’un processus similaire soit envisagé pour le Congo-Brazzaville.
Mais toutes ces initiatives ont été rejetées avec mépris par le
régime du PCT, campé à Oyo, arc-bouté sur ses privilèges, et convaincu
d’une impunité garantie par un soutien étranger, comme en témoigne cette
déclaration pour le moins troublante de Denis Sassou Nguesso : « La France ne peut pas me chasser, car ce que je fais, c’est la France qui me le demande. »
Aujourd’hui, alors que certains évoquent encore à Paris la
possibilité d’un « dialogue », nous répondons avec responsabilité et
fermeté : Le temps du dialogue est révolu.
Le Congo n’a plus besoin de simulacres. Il a besoin de vérité, de courage et d’un cap nouveau.
Le moment est venu d’assumer les responsabilités historiques, de
tirer les leçons des erreurs passées et d’engager résolument une
transition politique.
Une transition véritable qui permettra de restaurer la souveraineté du
peuple, de mettre en place une gouvernance décentralisée, et de
favoriser le retour de notre jeunesse par une politique ambitieuse de désimmigration.
Mais surtout, cette transition est nécessaire pour refonder nos relations internationales : des relations ambitieuses, dynamiques, respectueuses et saines
avec nos partenaires, fondées non plus sur la complaisance mais sur une
vision partagée de l’avenir, du développement durable et de la dignité
des peuples.
L’Histoire nous regarde. Et elle n’oubliera rien.
Modeste Boukadia
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)
Le 17 mai 2025