Je n'ai pas fui, j'ai reculé
Je n’ai pas fui, j’ai reculé
Un regard lucide sur le régime de Denis Sassou Nguesso et l’urgence de changer notre perception collective.
“Je n’ai pas fui, j’ai reculé.”
Cette phrase n’est pas un aveu de faiblesse, mais une déclaration de
stratégie. Car reculer face à un oppresseur, ce n’est pas capituler.
C’est observer, réfléchir, et se préparer à mieux avancer.
Depuis plus de trois décennies, Denis Sassou Nguesso règne sur le Congo-Brazzaville avec une main de fer, orchestrant un système où la souffrance du peuple est institutionnalisée pendant qu’une minorité s’enrichit sans vergogne. Ce régime, qui se présente comme garant de la justice, de la liberté et de la paix, est en réalité le reflet d’un pouvoir qui a redéfini ces mots pour servir ses intérêts.
Mais ouvrons les yeux : ce qu’ils
appellent justice n’est que la protection de leurs privilèges. Ce qu’ils
nomment liberté, c’est le droit de se taire. Et leur paix, c’est
l’étouffement des voix dissidentes.
Les Congolais, comme beaucoup
d’Africains, ont été conditionnés à accepter les discours au lieu des
réalités. À croire que l’ordre vient d’en haut et que contester est
synonyme de trahison. Mais quand un président laisse son pays être
pillé, quand la misère devient la norme, quand le peuple est condamné à
la survie pendant que la famille présidentielle vit dans l’opulence, ce
n’est plus de la gouvernance : c’est une colonisation intérieure.
Il est immoral de rester silencieux. Il
est dangereux de croire que “ça finira par changer” sans que le peuple
ne décide de rompre le silence.
Et surtout, il est important de savoir
que malgré tant de décennies d’oppression, l’oppressé connaît très bien
son oppresseur. Mais l’oppresseur, lui, est captif de son propre
mensonge. Il a dû se convaincre de sa légitimité pour justifier ses
actes, au point qu’il ne se connaît plus lui-même. Voilà l’avantage que
nous, le peuple, avons sur ceux qui nous oppressent : la lucidité.
Nous savons. Ils se mentent.
Il faut cesser d’appeler stabilité ce qui n’est qu’immobilisme, cesser d’appeler leadership ce qui n’est que manipulation.
Sassou Nguesso n’est pas un cas isolé.
Il est le miroir d’un système plus vaste, enraciné dans les mentalités
africaines déformées par des décennies d’oppression. Tant que nous
continuerons à glorifier le pouvoir au lieu de le contrôler, à respecter
le poste plus que l’intégrité de celui qui l’occupe, nous resterons
prisonniers d’un cercle sans fin.
Ce texte n’est pas une déclaration de guerre. C’est un appel à l’éveil.
Je n’ai pas fui, j’ai reculé.
Pour comprendre. Pour ouvrir les yeux. Pour mieux parler, mieux dénoncer, mieux résister.
L’Afrique, et le Congo en particulier, a
besoin d’une génération qui ne se laisse plus séduire par les discours,
mais qui lit la vérité dans les actes.
Pas demain. Maintenant.
Tom Melvin BAIKI – Le 08 mai 2025 – 00:40
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