lundi 9 juin 2025

Denis Sassou Nguesso a trahi le Congo : Le soutien inconditionnel de la France en question ?

 

par Modeste Boukadia 9 Juin 2025, 14:22 Afrique centrale, CDRC Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso mbochisation


Denis Sassou Nguesso a trahi le Congo – Le soutien inconditionnel de la France en question ?

 

Alors que les États-Unis viennent d’inscrire le Congo-Brazzaville sur la liste noire des pays à risque terroriste, une onde de choc secoue la diplomatie congolaise. Cette décision, aux conséquences économiques et politiques majeures, met en lumière les dérives d’un régime isolé, soutenu malgré tout par certaines puissances étrangères. Les Congolais sont abasourdis. Privés de liberté depuis des décennies, ils ne veulent plus entendre parler d’élections présidentielles en 2026. Ce qu’ils réclament, c’est une Transition Politique Apaisée et la sortie de Denis Sassou Nguesso par la grande porte, dans un sursaut de responsabilité historique, afin de préserver la paix civile et restaurer la confiance nationale. Plus que jamais, l’heure est venue de tourner la page pour refonder le Congo sur des bases saines, justes et souveraines. 

 

Le 9 juin 2025 marque une rupture historique. Par décret présidentiel, les États-Unis d’Amérique ont officiellement inscrit le Congo-Brazzaville sur la liste des pays à risque en matière de sécurité, dans le cadre du programme « Protéger les États-Unis contre le terrorisme ». L’interdiction d’entrée sur le territoire américain s’applique désormais à tous les ressortissants congolais.

 

Une question essentielle se pose : comment un pays tel que le Congo, dont la capitale Brazzaville fut celle de la France Libre durant la Seconde Guerre mondiale, a-t-il pu se retrouver aujourd’hui classé parmi les États dits « terroristes » ?

 

Il est légitime de s’interroger sur la part de responsabilité des soutiens extérieurs, notamment français, dans cette dérive. Le soutien prolongé et souvent aveugle de certaines sphères décisionnelles françaises au régime de Denis Sassou Nguesso a-t-il contribué à précipiter cette décision américaine aux conséquences aussi graves qu’inédites ?

 

Cette inscription sur la liste noire n’est pas un simple geste diplomatique : elle marque un tournant majeur, tant sur le plan international qu’économique. Elle signifie concrètement l’isolement du Congo sur la scène mondiale, la méfiance des investisseurs internationaux, et l’application de sanctions économiques sévères contre toute entité qui oserait contourner l’interdiction.

 

À ceux qui, à Brazzaville, tentent de minimiser la portée de cette décision en la qualifiant de simple « malentendu », il faut rappeler que figurer sur une telle liste n’est pas anodin. Cela signifie être identifié comme un pays à risque sécuritaire, ce qui rend tout partenariat économique, diplomatique ou même humanitaire, extrêmement difficile, voire impossible. Le coût humain, notamment pour la jeunesse congolaise déjà fragilisée, sera considérable.

 

Depuis des années, j’ai lancé des alertes sur les liaisons dangereuses nouées par Denis Sassou Nguesso avec des réseaux tels que le Hezbollah ou le Hamas. Des passeports congolais auraient été distribués à certains ressortissants libanais liés à ces mouvements. Cette inquiétude a également été exprimée par la France, qui avait averti le régime de Brazzaville des dérives liées à la délivrance incontrôlée de documents officiels.

 

Hélas, comme souvent, Denis Sassou Nguesso a choisi l’ignorance délibérée. Conforté par un appui extérieur, il aurait même déclaré : « Tout ce que je fais, c’est la France qui me le demande ! » Cette posture de soumission et de compromission a conduit le pays au bord du gouffre.

 

Contrairement à la France, les États-Unis ont décidé d’agir fermement. Le président Donald Trump, fidèle à sa ligne sécuritaire, a ainsi placé le Congo sous embargo. Cela signifie qu’aucun investisseur sérieux ne prendra le risque d’y engager des capitaux sous peine de lourdes sanctions, conformément aux lois fédérales américaines. Le cas du parti MCDDI, inscrit sur cette même liste sans jamais avoir eu de lien avec le terrorisme, montre combien il est difficile d’en être retiré une fois la décision prise.

 

Ainsi, le soutien diplomatique français – dont la justification demeure incompréhensible au regard des faits – a participé à l’isolement international du Congo. Triste récompense pour un pays qui a offert Brazzaville à la France Libre afin que la République française survive à l’occupation nazie !

 

Aujourd’hui, le Congo paie le prix fort de l’entêtement d’un homme et de la complaisance de ses alliés. En s’obstinant à se maintenir coûte que coûte au pouvoir, allant jusqu’à déclarer à ses partenaires internationaux : « Laissez-moi mourir au pouvoir, prenez ce que vous voulez mais payez seulement les fonctionnaires ! », Denis Sassou Nguesso a poussé le cynisme jusqu’à l’absurde — car même ces fonctionnaires, censés être la justification ultime de son maintien, ne sont plus régulièrement payés. Par cette logique destructrice, il a sacrifié toute une génération : la jeunesse congolaise, désormais sans perspectives, contrainte à l’errance, à l’exil ou à la résignation.

 

Les responsables de cette tragédie économique et sociale, qui ont détourné les ressources publiques pour les dissimuler dans les paradis fiscaux, voudront-ils aujourd’hui investir dans le pays qu’ils ont ruiné ? Rien n’est moins sûr.

 

Plus que jamais, l’heure est venue pour les forces vives de la nation d’exiger le départ de Denis Sassou Nguesso. Ce départ, désormais acté tant à Washington qu’à Paris, doit ouvrir la voie à une Transition Politique Apaisée, seule capable de refonder le Congo autour de trois piliers fondamentaux :

  • l’Union nationale,
  • la Désimmigration,
  • et la Décentralisation administrative et financière des régions, sous l’autorité de gouverneurs élus.

 

Ce nouveau Congo que nous appelons de nos vœux sera prêt à nouer des partenariats ambitieux, dynamiques et respectueux avec le monde, et notamment avec les États-Unis. L’un de nos objectifs prioritaires sera d’engager, dès le départ du régime actuel, des discussions avec le Président Donald Trump afin d’obtenir le retrait du Congo de cette « liste noire » infamante.

 

Cette responsabilité nous incombe à tous. Congolaises, Congolais, l’heure est venue de prendre en main notre destin.

 

Modeste Boukadia
Le 09 juin 2025

samedi 17 mai 2025

Tribune. Le temps du diaqlogue est révolu: place à la transition politique

 

Tribune. Le temps du dialogue est révolu: place à la transition politique

17 Mai 2025, 18:52 Afrique centrale, CDRC Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso

Alors que le Congo-Brazzaville traverse une crise politique prolongée, Modeste Boukadia, président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC), revient sur les multiples appels au dialogue qu’il a lancés au fil des années — tous restés lettre morte. Face à l’enlisement, il estime que le temps n’est plus aux discussions stériles, mais à une transition politique en profondeur. Une transition qui permettrait non seulement de restaurer l’unité nationale, mais aussi de rebâtir des relations équilibrées et respectueuses avec les partenaires internationaux. (Service Presse du CDRC)

TRIBUNE | Le temps du dialogue est révolu : place à la transition politique

Par Modeste Boukadia

L’Histoire est notre repère.
Lorsque Laurent-Désiré Kabila proposa au Maréchal Mobutu Sese Seko de quitter le pouvoir pour éviter le chaos, ce dernier répondit avec mépris : « C’est une plaisanterie de mauvais goût ! » Nous connaissons la suite. L’Histoire, souveraine, a tranché.

Depuis de nombreuses années, face à la dérive autoritaire et à la détresse du peuple congolais, j’ai multiplié les propositions de sortie de crise. Toutes, sans exception, ont été fondées sur l’idée que seule une solution politique, négociée et inclusive, pouvait éviter le pire. J’ai successivement appelé à une Conférence internationale, proposé une Table ronde, tendu la main du dialogue, défendu l’idée d’un Compromis politique historique. J’ai même suggéré, à l’image de ce qui s’était fait en Côte-d’Ivoire avec le dialogue de Marcoussis, qu’un processus similaire soit envisagé pour le Congo-Brazzaville.

Mais toutes ces initiatives ont été rejetées avec mépris par le régime du PCT, campé à Oyo, arc-bouté sur ses privilèges, et convaincu d’une impunité garantie par un soutien étranger, comme en témoigne cette déclaration pour le moins troublante de Denis Sassou Nguesso : « La France ne peut pas me chasser, car ce que je fais, c’est la France qui me le demande. »

Aujourd’hui, alors que certains évoquent encore à Paris la possibilité d’un « dialogue », nous répondons avec responsabilité et fermeté : Le temps du dialogue est révolu.

Le Congo n’a plus besoin de simulacres. Il a besoin de vérité, de courage et d’un cap nouveau.
Le moment est venu d’assumer les responsabilités historiques, de tirer les leçons des erreurs passées et d’engager résolument une transition politique.
Une transition véritable qui permettra de restaurer la souveraineté du peuple, de mettre en place une gouvernance décentralisée, et de favoriser le retour de notre jeunesse par une politique ambitieuse de désimmigration.

Mais surtout, cette transition est nécessaire pour refonder nos relations internationales : des relations ambitieuses, dynamiques, respectueuses et saines avec nos partenaires, fondées non plus sur la complaisance mais sur une vision partagée de l’avenir, du développement durable et de la dignité des peuples.

L’Histoire nous regarde. Et elle n’oubliera rien.

Modeste Boukadia
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)
Le 17 mai 2025

mardi 13 mai 2025

Donald Trump et l'Afrique : quelle relation ?

 

Donald Trump et l'Afrique : quelle relation ?

13 Mai 2025, 14:51 Afrique centrale, Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso CDRC

 TRIBUNE – Donald Trump et l’Afrique : le choc salutaire
Par Modeste Boukadia – 12 mai 2025 – 18:18

 La récente décision de l’administration Trump de supprimer la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), bras concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD), a été largement perçue comme un revers pour l’Afrique. Selon Jeune Afrique, ce retrait représente un manque à gagner de plus de 500 millions de dollars. À quelques jours de l’assemblée annuelle de la BAD à Abidjan, cette annonce est décrite comme un « coup dur » pour le continent.

 Mais faut-il réellement pleurer ce désengagement ? Ou faut-il plutôt y voir une opportunité de rupture avec une dépendance devenue structurelle ?

 Ce n’est pas la première fois que Donald Trump bouscule les équilibres établis en Afrique. Déjà, il s’était interrogé sur le rôle de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale), estimant qu’elle servait davantage à entretenir une élite politique que sa mission première de réduction de la pauvreté. L’Afrique centrale, l’une des régions les plus riches en ressources naturelles — coltan, niobium, tantale, deuxième massif forestier mondial, deuxième plus grand fleuve du monde —, demeure pourtant l’une des plus pauvres de la planète. Ce paradoxe, qui ne semble plus choquer personne en Afrique, avait conduit Trump à suggérer la fermeture pure et simple de la BEAC, pour provoquer un électrochoc chez des dirigeants englués dans une politique de mendicité chronique.

La suppression de la contribution américaine à la BAD s’inscrit dans cette même logique. Elle n’est pas un abandon. Elle est une interpellation. Et, paradoxalement, elle peut devenir une chance. Une chance de réveil.

Car il faut bien avoir le courage de poser la question : à quoi ont servi toutes ces aides ? À renforcer les services publics ? À garantir l’éducation et la santé ? Non. Trop souvent, elles ont alimenté la corruption, consolidé des régimes autoritaires et servi à accumuler des biens mal acquis, souvent abrités dans les pays donateurs eux-mêmes.

En réalité, la relation entre aide internationale et régression politique est manifeste. Les élites africaines, promptes à dénoncer l’héritage du colonialisme et les crimes de l’esclavage, sont les mêmes qui quémandent auprès de ceux qu’ils accusent d’esclavagistes et de colonisateurs les moyens de leur propre maintien au pouvoir. La contradiction est abyssale. Ils haïssent les anciens dieux pour jubiler devant de nouveaux dieux !

Il est temps de sortir de cette relation incestueuse. Il est temps que les dirigeants africains assument leur responsabilité dans les échecs et à la nouvelle génération africaine de proposer une vision ambitieuse, bâtir un partenariat dynamique avec les puissances internationales, et utiliser les ressources du continent pour répondre aux besoins de leur peuple.

Comment comprendre que l’Afrique centrale ne puisse pas satisfaire les besoins élémentaires de ses populations alors qu’elle possède des richesses naturelles essentielles à l’économie numérique mondiale ? Le drame de l’Afrique, ce n’est pas l’absence d’aides ; c’est l’absence de volonté stratégique, d’audace politique, de leadership éclairé.

En ce sens, Donald Trump donne un coup de pied dans la fourmilière. Il rappelle, brutalement mais lucidement, que l’avenir de l’Afrique dépend d’abord des Africains eux-mêmes. À nous de saisir cette opportunité pour sortir de la dépendance et devenir des acteurs à part entière de la nouvelle économie mondiale. L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un réfrigérateur ou un terrain de jeu ; elle doit en devenir un joueur majeur et un partenaire sur lequel il faut compter.

Pour le Congo, comme je le disais à Washington : « It’s Time To Make Congo-Brazzaville Great ». Pour l’Afrique centrale, il est temps de reconstruire une zone économique stable, juste, crédible — à l’image de l’esprit initial de l’UDEAC — capable de transformer nos ressources en prospérité partagée et en paix durable.

Et pour cela, la diaspora a un rôle essentiel à jouer. Elle doit dépasser les illusions de l’immigration subie pour s’engager dans une démarche volontaire de désimmigration, c’est-à-dire de retour stratégique vers la terre des origines, pour y bâtir une Afrique forte, indépendante, et fière.

Car oui, #AfricanLivesMatter — les vies africaines comptent. Il est temps que cela se traduise dans les actes, et non plus dans les slogans.

vendredi 9 mai 2025

L'imposture et l'opportunisme au sommet de la gloire au Congo-Brazzaville

 



Je n'ai pas fui, j'ai reculé

 

Je n'ai pas fui, j'ai reculé

par Tom-Melvin MBAÏKI, Afrique Afrique centrale, CDRC Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso


 

Je n’ai pas fui, j’ai reculé

Un regard lucide sur le régime de Denis Sassou Nguesso et l’urgence de changer notre perception collective.

Je n’ai pas fui, j’ai reculé.” Cette phrase n’est pas un aveu de faiblesse, mais une déclaration de stratégie. Car reculer face à un oppresseur, ce n’est pas capituler. C’est observer, réfléchir, et se préparer à mieux avancer.

Depuis plus de trois décennies, Denis Sassou Nguesso règne sur le Congo-Brazzaville avec une main de fer, orchestrant un système où la souffrance du peuple est institutionnalisée pendant qu’une minorité s’enrichit sans vergogne. Ce régime, qui se présente comme garant de la justice, de la liberté et de la paix, est en réalité le reflet d’un pouvoir qui a redéfini ces mots pour servir ses intérêts. 

Mais ouvrons les yeux : ce qu’ils appellent justice n’est que la protection de leurs privilèges. Ce qu’ils nomment liberté, c’est le droit de se taire. Et leur paix, c’est l’étouffement des voix dissidentes.

Les Congolais, comme beaucoup d’Africains, ont été conditionnés à accepter les discours au lieu des réalités. À croire que l’ordre vient d’en haut et que contester est synonyme de trahison. Mais quand un président laisse son pays être pillé, quand la misère devient la norme, quand le peuple est condamné à la survie pendant que la famille présidentielle vit dans l’opulence, ce n’est plus de la gouvernance : c’est une colonisation intérieure.

Il est immoral de rester silencieux. Il est dangereux de croire que “ça finira par changer” sans que le peuple ne décide de rompre le silence.

Et surtout, il est important de savoir que malgré tant de décennies d’oppression, l’oppressé connaît très bien son oppresseur. Mais l’oppresseur, lui, est captif de son propre mensonge. Il a dû se convaincre de sa légitimité pour justifier ses actes, au point qu’il ne se connaît plus lui-même. Voilà l’avantage que nous, le peuple, avons sur ceux qui nous oppressent : la lucidité.

Nous savons. Ils se mentent.

Il faut cesser d’appeler stabilité ce qui n’est qu’immobilisme, cesser d’appeler leadership ce qui n’est que manipulation.

Sassou Nguesso n’est pas un cas isolé. Il est le miroir d’un système plus vaste, enraciné dans les mentalités africaines déformées par des décennies d’oppression. Tant que nous continuerons à glorifier le pouvoir au lieu de le contrôler, à respecter le poste plus que l’intégrité de celui qui l’occupe, nous resterons prisonniers d’un cercle sans fin.

Ce texte n’est pas une déclaration de guerre. C’est un appel à l’éveil.

Je n’ai pas fui, j’ai reculé.

Pour comprendre. Pour ouvrir les yeux. Pour mieux parler, mieux dénoncer, mieux résister.

L’Afrique, et le Congo en particulier, a besoin d’une génération qui ne se laisse plus séduire par les discours, mais qui lit la vérité dans les actes.

Pas demain. Maintenant.

Tom Melvin BAIKILe 08 mai 2025 – 00:40

mercredi 30 avril 2025

France-Congo : un accord judiciaire pour la justice ou pour l'impunité ?

 France–Congo : un accord judiciaire pour la justice… ou pour l’impunité ?


 
 

 Par Modeste Boukadia – 30 avril 2025

Le président Denis Sassou Nguesso du Congo est attendu à Paris les 23 et 24 mai prochains pour une visite officielle au cours de laquelle il devrait signer avec les autorités françaises un accord bilatéral de coopération judiciaire*. Une initiative qui, en apparence, s’inscrit dans une volonté de renforcer les mécanismes de justice entre les deux pays. Mais à y regarder de plus près, les signaux sont troublants.

Depuis deux décennies, les affaires dites des Biens Mal Acquis ont révélé une architecture bien rôdée d’enrichissement illicite par certains dignitaires africains — avec, parfois, la complaisance de structures en France. Les allers-retours entre Brazzaville et Paris de figures impliquées dans des détournements présumés de fonds publics n’ont rien d’anecdotique : lorsqu’ils sont visés par la justice congolaise, ils trouvent refuge en France ; quand c’est la justice française qui les rattrape, ils se replient… au Congo.


Dernièrement, plusieurs scandales financiers ont émergé sur les réseaux sociaux, mettant en cause de hauts responsables congolais. Plutôt que de faire face à la justice, beaucoup d’entre eux ont quitté le pays sans entrave, certains à bord de vols commerciaux à destination de la capitale française. Une fois à Paris, ces personnalités continuent à mener grand train dans l’indifférence générale, loin des salles d’audience.

Dans le même temps, à Brazzaville, on assiste à une série de décisions troublantes : la levée de mandats d’amener, la libération de proches du pouvoir, l’abandon progressif de poursuites contre des figures centrales de ces affaires. La justice semble ici instrumentalisée, non pour protéger l’intérêt général, mais pour garantir la protection de ceux qui gravitent autour du cercle présidentiel.

Dès lors, une question s’impose : cet accord judiciaire franco-congolais est-il destiné à renforcer la coopération entre deux systèmes judiciaires autonomes, ou à consolider un mécanisme d’impunité transnationale ? Le risque est grand qu’il ne serve qu’à verrouiller un pacte silencieux, dans lequel ni Paris ni Brazzaville n’a intérêt à voir les enquêtes aboutir.

Il revient à la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et signataire de conventions internationales anticorruption, de clarifier sa position. Coopérer avec un État, oui — mais pas au détriment des principes de justice, de transparence et de respect des peuples. Car signer un accord judiciaire sans garantie d’indépendance réelle des procédures, c’est, de fait, légitimer l’impunité.

Pour les citoyens congolais comme pour les partenaires internationaux attachés à l’État de droit, la question est cruciale : veut-on une justice au service des peuples ou une justice aux ordres des puissants ?

* Selon Africa Intelligence, Sassou Nguesso sera reçu en France le 24 mai 2025.

SOURCE : https://cdrc-cg.com/2025/04/30/france-congo-un-accord-judiciaire-pour-la-justice-ou-pour-limpunite/

 

 

mardi 29 avril 2025

Congo : Appel aux Congolais pour le changement

 


Mes chers frères et sœurs, chers compatriotes,

Nous connaissons tous la situation critique dans laquelle se trouve notre beau pays, le Congo. Pour qu’il retrouve sa souveraineté, sa dignité et l’unité de son peuple, j’ai proposé à plusieurs reprises des voies de sortie : la Conférence internationale, la Table ronde, la Main tendue, ou encore le Compromis politique historique. Ces initiatives ont été systématiquement rejetées d’un revers de main par le régime en place, convaincu qu’il pouvait indéfiniment décider de nos destinées.

Mais aujourd’hui, l’heure du changement a sonné. Et ce changement ne viendra pas d’en haut. Il viendra du peuple. Il viendra de vous. Il viendra de notre jeunesse, lucide, exigeante, courageuse. Une jeunesse qui ne veut plus subir, mais construire. Une jeunesse qui veut tourner la page des compromissions et écrire une nouvelle histoire pour notre pays et pour l’Afrique.

C’est cette ambition que je porte à travers le projet de la désimmigration : non pas un simple retour au pays, mais une dynamique profonde de réintégration des intelligences, des talents, et des énergies au service d’un développement souverain, moderne et partagé.

Mais pour avancer ensemble, il faut regarder les faits avec lucidité, sans caricatures, sans procès d’intention. Il nous faut construire. Et pour cela, nous devons sortir des jugements faciles et des divisions stériles.

Certains peuvent s’interroger sur mon parcours, sur mes engagements, sur ma présence hors du Congo. Et cette interrogation est légitime. Mais depuis des décennies, j’ai dénoncé, avec constance, les liaisons malsaines entre la France et l’Afrique, et particulièrement entre la France et le Congo. J’ai combattu les dérives autoritaires et les systèmes verrouillés qui étouffent nos peuples. Et je l’ai fait au prix fort : la prison, l’exil. Mais je n’ai jamais renoncé. J’ai résisté, comme d’autres l’ont fait, souvent dans le silence, parfois dans l’ombre, mais toujours avec fidélité à mes convictions et à mon pays.

Aujourd’hui, je vous invite à dépasser les fantasmes, à dépasser les étiquettes. Ce ne sont ni les appartenances, ni les titres, ni les rumeurs qui définissent un homme. Ce sont les actes qu’il pose, la vision qu’il incarne et les intérêts qu’il défend. Et l’intérêt qui doit tous nous guider, c’est celui du Congo, et au-delà, de notre continent.

Oui, nous devons reconstruire. Mais reconstruire sans haine, sans esprit de vengeance. Dans la dignité. Nous ne devons pas ressembler à ceux qui ont trahi. Nous devons être meilleurs. Nous devons être les bâtisseurs d’un monde nouveau, en dialogue avec les États-Unis, l’Europe de l’Est, la France, l’Union Européenne, la Chine, la Russie, le Moyen-Orient, et tous ceux qui respectent nos peuples et notre souveraineté pour établir des partenariats dynamiques, responsables et respectueux.

Quant à ceux qui vivent en exil, qu’on ne s’y trompe pas : l’exil n’est pas un privilège. C’est une blessure. Mais c’est aussi, parfois, une nécessité pour continuer le combat autrement. Loin du sol natal, mais toujours le cœur tourné vers la patrie. Car notre cordon ombilical, lui, n’a jamais été coupé.

Et surtout — j’insiste — ce n’est pas en opposant les générations que nous bâtirons l’avenir. Le monde a besoin de l’Afrique. Mais l’Afrique ne répondra pas à l’appel de l’Histoire si ses enfants se tournent le dos. Si les jeunes rejettent ceux qui ont ouvert la voie. Ou si les anciens refusent d’écouter ceux qui inventent demain.

L’heure est venue de construire des ponts, pas des murs. D’unir nos forces, pas de les fragmenter.

L’expérience a besoin d’un souffle nouveau. Et la jeunesse, pour transformer son énergie en force politique, a besoin d’un ancrage dans la mémoire, dans l’histoire, dans les luttes passées. Ce que nous devons réussir ensemble, c’est un passage de témoin. Un relais, pas une rupture.

Oui, une autre génération arrive. Oui, elle porte une autre vision. Et c’est précisément pour cela que nous devons marcher côte à côte. Avec lucidité. Avec respect. Avec responsabilité.

Car c’est ensemble, et seulement ensemble, que nous construirons l’Afrique que nous méritons. Et que nous relèverons le Congo que nous laisserons en héritage à nos enfants.

Modeste Boukadia – le 29 avril 2025 – 13:38 (heure de Paris)