mardi 31 décembre 2013

(Afrique/Centrafrique) A Bangui, Deby et Sassou torpillent les efforts de Paris

Au Congo-Brazzaville, au Tchad et comme ailleurs en Afrique, il est des sujets qui, plus que tout autre, exacerbent les tensions. La crise politique et militaire en RCA en est un. Au point qu'il est quasiment impossible de les constituer en objet de débat politique, c'est-à-dire d'en éclairer les enjeux, d'en distinguer les tenants et les aboutissants pour opérer des  analyses et des réflexions conformes à la  réalité du terrain et  des forces en présence.  

Couleurs

Dans l’interview accordée à l’hebdomadaire Paris Match du 19 décembre 2013, Denis Sassou Nguesso avait annoncé les couleurs : « Paris Match.“En République centrafricaine (RCA), certains prédisent déjà un bourbier pour les Français...”

Denis Sassou-Nguesso.  “Je crains que nous ne nous trouvions pas face à des milices anarchiques et aussi désorganisées que nous le pensions ». Double jeu ? Simple intuition ? Fourberie ? Ce n’est un secret pour personne. Michel Djotodia, le Président intérimaire de la RCA prend  ses consignes à Oyo auprès de Sassou et une bonne partie des financements des éléments de la Séléka proviennent du Congo-Brazzaville. Et, le gros du contingent des éléments de la Séléka est constitué des Tchadiens et Soudanais qui ont reçu le feu vert d’Idriss Déby pour renverser François Bozizé.

Tchadiens et Congolais indésirables

  L’intervention des forces africaines de la mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) complique les opérations des troupes françaises. Les militaires tchadiens accusés par les chrétiens de protéger les ex Séléka s’en prennent aux militaires burundais. Des Casques Bleus qui se tirent dessus : une première. Des événements qui compliquent l’entreprise de réconciliation entre musulmans et chrétiens tout juste amorcée par les militaires français. Le général de division congolais René Boukaka avait pourtant bien prévenu ses soldats : « Vous n’allez pas à Bangui pour faire la guerre ». Peine perdue. Les militaires du Congo-Brazzaville qui prennent leurs directives ailleurs ont fait le coup de feu.  « «Nous ne voulons plus des soldats tchadiens et congolais, il faut qu’ils s’en aillent ! Seuls les Français doivent rester pour nous protéger» » (Libération, 23  décembre 2013).

Parrains

Les agissements des troupes tchadiennes et congolaises en RCA ne sont pas anodins et fortuits. Idriss Déby du Tchad et Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville souhaitent-ils l’échec de l’opération « Sangaris » qui aboutirai à l’organisation d’élections libres et transparentes en RCA ? Assurément oui ! Ces deux parrains craignent les élections libres et transparentes comme la peste. Ces potentats, arrivés au pouvoir grâce au soutien  de Paris, savonnent aujourd’hui la planche militaire de la France en RCA .  Idriss Déby et Sassou Nguesso, les parrains de la RCA, caressent le vœu de l’enlisement de l’opération « Sangaris » au-delà de 2016. Plus la France patauge dans le marigot centrafricain, moins elle s’intéressera aux échéances électorales de ces deux pays. L’absence de réaction de l’Elysée et du Quai d’Orsay quant à l’arrestation rocambolesque de Marcel Ntsourou en est le parfait exemple. Le Tchad et le Congo-Brazzaville sont partie prenante au conflit de la RCA qui a pris des allures d’une guerre confessionnelle. Jusqu'à quand la diplomatie française va-t-elle tolérer ces turpitudes ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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