
Accompagnons le Congo vers sa reconstruction : pour une transition politique structurelle apaisée
Par Modeste Boukadia – Le 18 juin 2025 – 10h51
Face à la crise multiforme que traverse le Congo-Brazzaville — crise politique, sociale, morale et désormais sécuritaire avec son inscription sur la liste noire des États-Unis — il est urgent de sortir des illusions électoralistes et d’engager une transition politique structurelle apaisée. Cette transition doit poser les fondations d’un nouvel État, tourné vers l’union nationale, la réintégration de sa jeunesse (désimmigration) et la décentralisation effective des régions. Il ne s’agit plus de changer des hommes, mais de changer de logique. Réinstaller le logiciel Congo. C’est cette vision que porte le projet « Accompagnons le Congo ».
Que de compatriotes nous ont interpellés sur le concept de Transition Politique Structurelle Apaisée, souvent surpris par l’usage volontaire des majuscules. Je tiens à rassurer ceux qui aiment le Congo et l’Afrique : il ne s’agit pas d’un simple slogan, mais d’un cadre cohérent de refondation, reposant sur des mécanismes concrets pour parvenir à l’union nationale, seule voie capable de guérir le mal profond qui gangrène notre pays.
Le Congo n’est pas seulement en crise : il est malade de son tribalisme institutionnalisé sous le régime du PCT, au point que l’État lui-même est inexistant. Le pays figure désormais sur la liste noire des États-Unis des pays soutenant le terrorisme, plaçant de facto M. Denis Sassou Nguesso au rang des dirigeants infréquentables. Cette situation est grave. Elle exige une réponse structurelle, pas cosmétique.
Tant que l’on n’aura pas restauré l’État et ses organes fondamentaux, toute idée de développement restera un mirage. Ceux qui appellent à une élection présidentielle en 2026, dans un État failli, ne font que prolonger l’agonie nationale. Être candidat à une élection que le peuple rejette, c’est participer — consciemment ou non — au maintien du système d’appauvrissement général. Je respecte néanmoins leur choix, et leur fidélité à Denis Sassou Nguesso, qui pour certains représente encore leur unique passerelle entre notoriété et précarité.
Le projet « Accompagnons le Congo » s’inscrit dans une dynamique de rupture pacifique mais déterminée, car pour une fois, le Congo doit avoir un président vivant, capable d’écrire les mémoires de la Nation,
et non un pouvoir fossile enfermé dans le silence et le déni. Il est
temps que notre pays assume son histoire, ses douleurs, ses espérances —
non pas à travers des hommages posthumes ou des silences d’État : « Allons à la veillée, les Morts ne parlent pas ! » mais par une parole politique lucide, responsable, et tournée vers l’avenir.
Ce projet repose sur une conviction essentielle : les peuples n’attendent pas un messie, mais une vision claire, structurée, portée par une dynamique collective capable de transformer les souffrances en forces motrices, et les revendications en réalités tangibles.
C’est dans cet esprit que j’ai toujours défendu une Transition Politique Apaisée, à laquelle j’ai ajouté le mot « Structurelle » pour marquer l’ambition de reconstruire un État sur de nouvelles bases :
- Justice sociale,
- Responsabilité partagée,
- Et participation citoyenne à tous les niveaux.
Ce que le peuple congolais réclame, ce n’est pas un changement de figure à la tête de l’État et cela est souhaité et souhaitable, mais un changement de paradigme fondé sur trois piliers essentiels :
- L’union nationale, qui dépasse les clivages ethniques, partisans ou idéologiques, pour refonder une communauté de destin.
- La désimmigration, soit le droit pour la jeunesse congolaise de revenir et participer à la reconstruction de son pays dans un cadre structuré, sûr et porteur.
- La décentralisation administrative et financière effective, pour que les régions deviennent des moteurs du développement et non des territoires abandonnés.
Cette transition n’est pas qu’un moment politique : elle est institutionnelle, territoriale et générationnelle. Elle vise à bâtir un État nouveau, dans la justice, l’équité et l’efficacité.
Certains diront : faut-il une grève générale ? Une révolte populaire ? Une rupture radicale ? Pourquoi pas. Mais sans alternative crédible, sans projet structuré et collectif, toute indignation restera vaine.
C’est pourquoi, dans le dialogue, la fermeté et l’engagement collectif, nous devons ouvrir une nouvelle page de notre histoire, fondée sur cette transition politique structurelle apaisée. Elle seule nous permettra d’accompagner, réellement et durablement, le Congo vers sa reconstruction.
Modeste Boukadia
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)
Le 18 juin 2025 – 10h51