mercredi 30 avril 2025

France-Congo : un accord judiciaire pour la justice ou pour l'impunité ?

 France–Congo : un accord judiciaire pour la justice… ou pour l’impunité ?


 
 

 Par Modeste Boukadia – 30 avril 2025

Le président Denis Sassou Nguesso du Congo est attendu à Paris les 23 et 24 mai prochains pour une visite officielle au cours de laquelle il devrait signer avec les autorités françaises un accord bilatéral de coopération judiciaire*. Une initiative qui, en apparence, s’inscrit dans une volonté de renforcer les mécanismes de justice entre les deux pays. Mais à y regarder de plus près, les signaux sont troublants.

Depuis deux décennies, les affaires dites des Biens Mal Acquis ont révélé une architecture bien rôdée d’enrichissement illicite par certains dignitaires africains — avec, parfois, la complaisance de structures en France. Les allers-retours entre Brazzaville et Paris de figures impliquées dans des détournements présumés de fonds publics n’ont rien d’anecdotique : lorsqu’ils sont visés par la justice congolaise, ils trouvent refuge en France ; quand c’est la justice française qui les rattrape, ils se replient… au Congo.


Dernièrement, plusieurs scandales financiers ont émergé sur les réseaux sociaux, mettant en cause de hauts responsables congolais. Plutôt que de faire face à la justice, beaucoup d’entre eux ont quitté le pays sans entrave, certains à bord de vols commerciaux à destination de la capitale française. Une fois à Paris, ces personnalités continuent à mener grand train dans l’indifférence générale, loin des salles d’audience.

Dans le même temps, à Brazzaville, on assiste à une série de décisions troublantes : la levée de mandats d’amener, la libération de proches du pouvoir, l’abandon progressif de poursuites contre des figures centrales de ces affaires. La justice semble ici instrumentalisée, non pour protéger l’intérêt général, mais pour garantir la protection de ceux qui gravitent autour du cercle présidentiel.

Dès lors, une question s’impose : cet accord judiciaire franco-congolais est-il destiné à renforcer la coopération entre deux systèmes judiciaires autonomes, ou à consolider un mécanisme d’impunité transnationale ? Le risque est grand qu’il ne serve qu’à verrouiller un pacte silencieux, dans lequel ni Paris ni Brazzaville n’a intérêt à voir les enquêtes aboutir.

Il revient à la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et signataire de conventions internationales anticorruption, de clarifier sa position. Coopérer avec un État, oui — mais pas au détriment des principes de justice, de transparence et de respect des peuples. Car signer un accord judiciaire sans garantie d’indépendance réelle des procédures, c’est, de fait, légitimer l’impunité.

Pour les citoyens congolais comme pour les partenaires internationaux attachés à l’État de droit, la question est cruciale : veut-on une justice au service des peuples ou une justice aux ordres des puissants ?

* Selon Africa Intelligence, Sassou Nguesso sera reçu en France le 24 mai 2025.

SOURCE : https://cdrc-cg.com/2025/04/30/france-congo-un-accord-judiciaire-pour-la-justice-ou-pour-limpunite/

 

 

mardi 29 avril 2025

Congo : Appel aux Congolais pour le changement

 


Mes chers frères et sœurs, chers compatriotes,

Nous connaissons tous la situation critique dans laquelle se trouve notre beau pays, le Congo. Pour qu’il retrouve sa souveraineté, sa dignité et l’unité de son peuple, j’ai proposé à plusieurs reprises des voies de sortie : la Conférence internationale, la Table ronde, la Main tendue, ou encore le Compromis politique historique. Ces initiatives ont été systématiquement rejetées d’un revers de main par le régime en place, convaincu qu’il pouvait indéfiniment décider de nos destinées.

Mais aujourd’hui, l’heure du changement a sonné. Et ce changement ne viendra pas d’en haut. Il viendra du peuple. Il viendra de vous. Il viendra de notre jeunesse, lucide, exigeante, courageuse. Une jeunesse qui ne veut plus subir, mais construire. Une jeunesse qui veut tourner la page des compromissions et écrire une nouvelle histoire pour notre pays et pour l’Afrique.

C’est cette ambition que je porte à travers le projet de la désimmigration : non pas un simple retour au pays, mais une dynamique profonde de réintégration des intelligences, des talents, et des énergies au service d’un développement souverain, moderne et partagé.

Mais pour avancer ensemble, il faut regarder les faits avec lucidité, sans caricatures, sans procès d’intention. Il nous faut construire. Et pour cela, nous devons sortir des jugements faciles et des divisions stériles.

Certains peuvent s’interroger sur mon parcours, sur mes engagements, sur ma présence hors du Congo. Et cette interrogation est légitime. Mais depuis des décennies, j’ai dénoncé, avec constance, les liaisons malsaines entre la France et l’Afrique, et particulièrement entre la France et le Congo. J’ai combattu les dérives autoritaires et les systèmes verrouillés qui étouffent nos peuples. Et je l’ai fait au prix fort : la prison, l’exil. Mais je n’ai jamais renoncé. J’ai résisté, comme d’autres l’ont fait, souvent dans le silence, parfois dans l’ombre, mais toujours avec fidélité à mes convictions et à mon pays.

Aujourd’hui, je vous invite à dépasser les fantasmes, à dépasser les étiquettes. Ce ne sont ni les appartenances, ni les titres, ni les rumeurs qui définissent un homme. Ce sont les actes qu’il pose, la vision qu’il incarne et les intérêts qu’il défend. Et l’intérêt qui doit tous nous guider, c’est celui du Congo, et au-delà, de notre continent.

Oui, nous devons reconstruire. Mais reconstruire sans haine, sans esprit de vengeance. Dans la dignité. Nous ne devons pas ressembler à ceux qui ont trahi. Nous devons être meilleurs. Nous devons être les bâtisseurs d’un monde nouveau, en dialogue avec les États-Unis, l’Europe de l’Est, la France, l’Union Européenne, la Chine, la Russie, le Moyen-Orient, et tous ceux qui respectent nos peuples et notre souveraineté pour établir des partenariats dynamiques, responsables et respectueux.

Quant à ceux qui vivent en exil, qu’on ne s’y trompe pas : l’exil n’est pas un privilège. C’est une blessure. Mais c’est aussi, parfois, une nécessité pour continuer le combat autrement. Loin du sol natal, mais toujours le cœur tourné vers la patrie. Car notre cordon ombilical, lui, n’a jamais été coupé.

Et surtout — j’insiste — ce n’est pas en opposant les générations que nous bâtirons l’avenir. Le monde a besoin de l’Afrique. Mais l’Afrique ne répondra pas à l’appel de l’Histoire si ses enfants se tournent le dos. Si les jeunes rejettent ceux qui ont ouvert la voie. Ou si les anciens refusent d’écouter ceux qui inventent demain.

L’heure est venue de construire des ponts, pas des murs. D’unir nos forces, pas de les fragmenter.

L’expérience a besoin d’un souffle nouveau. Et la jeunesse, pour transformer son énergie en force politique, a besoin d’un ancrage dans la mémoire, dans l’histoire, dans les luttes passées. Ce que nous devons réussir ensemble, c’est un passage de témoin. Un relais, pas une rupture.

Oui, une autre génération arrive. Oui, elle porte une autre vision. Et c’est précisément pour cela que nous devons marcher côte à côte. Avec lucidité. Avec respect. Avec responsabilité.

Car c’est ensemble, et seulement ensemble, que nous construirons l’Afrique que nous méritons. Et que nous relèverons le Congo que nous laisserons en héritage à nos enfants.

Modeste Boukadia – le 29 avril 2025 – 13:38 (heure de Paris)

dimanche 27 avril 2025

Congo : Armel Sylvère Dongou Zidane s'est fait la malle, au propre comme au figuré

 


Voleur

 

Le tocsin avait été sonné par le sulfureux Kevin Diafouka alias Diaf Loukouéta. Le pourfendeur de Armel Silvère Dongou avait le nez creux. Sur son viseur, il y avait la société financière « Archer capital », propriété de … Armel Silvère Dongou. « Archer capital » avait pour mission de lever des fonds pour le compte du Trésor public du Congo-Brazzaville en dépit d’un conflit d’intérêts manifeste.

 

Les alertes avaient été considérées comme des réactions de mauvaise humeur, faisant fi de la distinction entre le message et le messager. Le crieur de la cuisinette, Brice Landry Decaux de la Matinale de Ziana TV avait volé au secours de Armel Silvère Dongou « Zidane ». Méritait-il le bon Dieu sans confession ? La justice et les organes de contrôle avaient fermé les yeux et bouché les oreilles. La réorganisation des régies financières ( pas du goût de Ludovic Ngatsé), et imaginée par Jean-Baptiste Ondaye et Lauric Ngouémbé avec l’ascension de Armel Silvère Dongou « Zidane  » comme directeur général adjoint (dva) du trésor et la mise à l’écart des fondés de pouvoir, Monique Mboulou (née Sékangué), André Léma et Honoré Noël Yandouma, n’a pas tempéré la boulimie financière des membres du clan de l’Alima issus de l’axe Ollombo-Boundji-Oyo-Makoua-Owando qui ont fait main basse sur les régies financières. La nomination de Hilarion Ibovi Ollessongo au poste de directeur général adjoint du Trésor Public n’inspire
pas confiance. Les oiseaux d’un même plumage volent ensemble. Armel Silvère Dongou « Zidane » est originaire de Gamboma dans les Plateaux où il possède un important parc immobilier sur les « Champs Elysées » de Gamboma (Gam-City).

 

« Attendu qu’il existe actuellement des procédures ouvertes devant les services exerçant les missions de police judiciaire contre les nommés Dongou Armel Silvère, Mouaya Stéphanie Gertrude et autres pour des faits de détournements de fonds publics (…) Pour garantir la comparution régulière et sans faille des personnes précitées, il paraît judicieux de prescrire à leur encontre la mesure d’interdiction de sortie du territoire national  », soulignent les réquisitions du procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Brazzaville, André Ngakala Oko, du 22 avril 2025 (Les Dépêches de Brazzaville ADIAC.com, 26 avril 2025).

 

Armel Silvère Dongou a pris la poudre d’escampette, à l’instar d’Antoinette Sassou qui a fait « l’éloge de la fuite » préconisé par Henri Laborit. Qui l’a aidé à quitter le pays ? Pourquoi André Oko Ngakala a traîné les pieds alors que la sonnette d’alarme avait été tirée par Kevin Diafouka ? Les fondés de pouvoir qui se sont succédé devraient rendre des comptes. Les chefs des voleurs Denis Sassou Nguesso et Albert Ngondo connaissent les voleurs, mais ils ferment les yeux et bouchent ses oreilles.

 

Le khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso le dit lui-même sans sourciller : il est au courant de qui vole les deniers publics et que s’il le voulait il pouvait les indexer. Peut-être même qu’il a, à titre personnel, ou son entourage, bénéficié de ces sorties d’argent.

 

Sinon qui va croire à l’histoire selon laquelle, un seul homme, Armel Silvère Dongou « Zidane » avec l’aide de Stéphanie Gertrude Mouaya, aurait réussi à détourner des centaines de milliards de francs cfa du Trésor public sans qu’il n’existe des complicités au plus haut sommet et une alerte des organes de surveillance ?

 

Réseau

 

C’est toute une filière qu’il faut démanteler au Trésor public du Congo-Brazzaville à commencer par Albert Ngondo, le directeur général. Et quel rôle dévolu aux services de sécurité ? Jean Dominique Okemba et Aristide Okassa toujours en train de traquer et de dresser des fausses fiches contre les opposants ?

 

La bagatelle de 800 milliards de francs CFA a été dilapidée en cinq ans. Si Armel Silvère Dongou est passé entre les mailles du filet judiciaire, Stéphanie Mouaya, autre DGA du Trésor n’a pas eu la même chance d’être née quelque part. Stéphanie Gertrude Mouaya a été mise aux arrêts. Il y a longtemps qu’on aurait dû mettre le grappin sur Armel Silvère Dongou « Zidane ». Mais ce dernier a continué de contrôler le ballon et assener des coups de tête contre la loi. Kevin Diafouka avait pourtant indiqué le chemin d’avenir. Zidane a driblé tout son monde. L’histoire d’Armel Silvère Dongou ressemble à bien des égards à l’affaire Guy Marius Okana.

 

Benjamin BILOMBOT BITADYS

samedi 26 avril 2025

La pertinence du report de l'élection présidentielle de 2026 en République du Congo

 


La pertinence du report de l’élection présidentielle de 2026 en République du Congo

I. La nécessité impérieuse du report électoral

Aujourd’hui, reporter l’élection présidentielle de 2026 s’impose comme une urgence nationale.
La majorité des Congolais, plongés dans une misère insupportable, n’attendent plus des promesses chimériques mais exigent un changement radical. Comme en 1991, l’épuisement est général face à un régime qui recycle sans fin les mêmes discours mensongers.

II. Le régime Sassou Nguesso : 57 ans de déclin

Présent en politique depuis 1968 aux côtés de Marien Ngouabi, Denis Sassou Nguesso est l’un des fondateurs du Parti Congolais du Travail (PCT), parti-État à l’idéologie néfaste et inhumaine.

Malgré son omniprésence au pouvoir, la société congolaise est désorganisée, la misère généralisée et les opposants réduits au silence dans les prisons. Le slogan « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut » est devenu une triste ironie.

Le PCT, incapable de réinventer l’avenir, recycle une gouvernance fondée sur la peur, la corruption, et le tribalisme. Les jeunes de la Cuvette sont privilégiés dans les recrutements policiers, accentuant les fractures nationales.

La situation économique est désastreuse : morgues saturées, salaires impayés, hôpitaux démunis, routes dégradées, éducation effondrée.

III. Le double-jeu diplomatique : le cas du Rwanda

Les accords entre Brazzaville et Kigali représentent une menace grave pour la souveraineté nationale.

La présence militaire rwandaise à Maloukou, face à la RDC, appuyée par Sassou Nguesso, montre une duplicité inacceptable, pendant que l’agression de l’Est de la RDC par Kagame est tolérée.

Il devient urgent d’imposer un visa aux ressortissants rwandais.

IV. Violations de la Constitution et mascarade électorale

Sassou Nguesso, déjà en violation de l’article 80 de la Constitution du 25 décembre 2015, persiste à vouloir briguer un énième mandat en 2026.

Le PCT lui-même n’est pas en conformité avec l’article 31, ce qui devrait entraîner sa suspension immédiate.

Les principes fondamentaux de la démocratie sont bafoués : fraudes électorales systématiques, coupures d’Internet, arrestations arbitraires, exclusion de l’opposition.

V. La gabegie financière : un pillage institutionnalisé

Quelques exemples de détournements flagrants :

  • 25 000 milliards pour la municipalisation accélérée,
  • 160 milliards dilapidés au ministère de la Santé,
  • 14 000 milliards des générations futures disparus.

Pendant ce temps, le peuple manque d’eau potable, d’électricité et de soins médicaux de base.

VI. Promesses non tenues et construction d’illusions

Depuis des décennies, les slogans se succèdent sans jamais se concrétiser :

  • « Auto-suffisance alimentaire d’ici 2000 »,
  • « Agriculture, priorité des priorités »,
  • « Nouvelle espérance », « Chemin d’avenir », « Marche vers le développement… »

Les projets fictifs, tels que la construction des 12 hôpitaux, restent lettres mortes.

VII. Un bilan accablant : la dénonciation du député Joseph Kignouimbi Kia Mboungou

Le député de Sibiti, Joseph Kignouimbi Kia Mboungou, l’a clairement exprimé : « Le pays est en ruine. »

Pour avoir dénoncé la mauvaise gestion et l’endettement abyssal du Congo, il a été expulsé de l’Assemblée nationale.

Chaque citoyen congolais sera un jour témoin et auteur de l’histoire dramatique écrite par le régime de Denis Sassou Nguesso.

VIII. Les plaies de l’histoire congolaise

La mauvaise gouvernance congolaise n’est pas récente : Fulbert Youlou, Joachim Yhombi Opango, Marien Ngouabi, Alphonse Massamba-Débat, et tant d’autres figures du Congo ont payé de leur vie ou de leur exil.

La lumière doit enfin être faite sur ces assassinats d’État.

IX. Les dangers de la vente des terres et la remise en cause de la souveraineté

Sassou Nguesso, en vendant des terres à des intérêts étrangers, en violation de la Constitution, démontre qu’il ne se considère pas comme le garant du patrimoine national, mais comme son propriétaire personnel.

X. L’urgence d’une transition politique pacifique

Face à cette situation de blocage national, une transition politique apaisée s’impose.

Le président du CDRC, Modeste Boukadia, incarne cette alternative en proposant une transition basée sur l’unité nationale, la fin des anti-valeurs et la refondation des institutions.

Sa constance malgré 575 jours d’emprisonnement politique témoigne d’un engagement authentique pour la liberté et la dignité du peuple.

Cette transition devra :

  • Organiser un recensement général,
  • Renouveler les listes électorales,
  • Garantir des élections inclusives, transparentes et libres,
  • Bâtir un véritable État de droit.

Conclusion :

  • Non à l’escroquerie politique !
  • Non à la confiscation illégale du pouvoir !
  • Oui à l’unité nationale !
  • Oui à une transition pacifique pour restaurer la République !

Sidonie Salabanzi

Ottawa, le 25 avril 2025

SOURCE : https://cdrc-cg.com/2025/04/26/la-pertinence-du-report-de-lelection-presidentielle-de-2026-en-republique-du-congo/

mercredi 23 avril 2025

Congo : Le temps du sursaut national est arrivé

 


Le temps du sursaut national est arrivé

Le Congo s’enlise dans un désastre économique et un effondrement social qui ne sont pas le fruit du hasard. Il ne s’agit pas d’une crise passagère, mais des conséquences d’un système froidement organisé pour soumettre un peuple, fragmenter une société, et détruire l’idée même de cohésion nationale. Ce système porte un nom : le PCT. Pendant des décennies, ce parti a tissé, avec méthode et cynisme, une toile de domination fondée sur la peur, le contrôle, la misère et la division.

La déstructuration des familles, la banalisation du désordre social, l’érosion des valeurs collectives, tout cela n’est pas accidentel. C’est le produit d’une stratégie visant à anéantir les forces vives de notre nation, à commencer par les jeunes, les femmes, et ceux de la diaspora qui auraient pu constituer une alternative crédible à l’ordre établi. En désintégrant les bases de la société congolaise, le PCT a voulu empêcher toute possibilité de reconstruction autonome et durable.

Mais ce plan touche à sa fin. Car le peuple congolais commence à ouvrir les yeux. Et cette prise de conscience doit désormais se transformer en action.

Le moment est venu d’un sursaut national. Un sursaut qui ne se contentera pas de protester, mais qui construira. Qui ne se divisera pas en querelles de personnes, mais qui s’unira autour d’un objectif commun : libérer notre pays des chaînes du clientélisme, de la corruption et de l’autoritarisme.
Il nous faut repenser les fondations du Congo avec toutes nos forces disponibles : la jeunesse, trop longtemps marginalisée ; la diaspora, trop souvent oubliée ; les femmes, trop fréquemment réduites au silence ; les travailleurs, les intellectuels, les bâtisseurs de demain.

La désimmigration : un impératif stratégique

Parmi les leviers de transformation les plus puissants figurent la désimmigration, concept volontairement opposé à l’exil subi. Il ne s’agit pas simplement de faire revenir des individus sur le territoire national. Il s’agit d’un projet politique, structurant, qui vise à rapatrier les compétences, les expertises, les savoirs et les énergies que le Congo a perdues depuis des décennies à cause de la répression, du manque d’opportunités, et de l’instabilité chronique.

La diaspora congolaise n’est pas un réservoir passif. Elle est un vivier d’ingénieurs, de chercheurs, d’économistes, d’entrepreneurs, de médecins, de stratèges politiques… qui ont développé à l’étranger une expérience dont notre pays a désespérément besoin. Leur retour ne doit pas être un retour par défaut, mais une réintégration volontaire, organisée, facilitée par un nouveau cadre politique fondé sur la compétence, la transparence et l’intérêt national.

Cela suppose de rompre radicalement avec l’esprit de clan, de mettre fin au favoritisme et de redonner sa place à la méritocratie.
Cela suppose aussi que nous construisions un environnement économique viable, sécurisé, incitatif, où ceux qui reviennent ne soient pas perçus comme des concurrents, mais comme des partenaires naturels du développement.

La désimmigration n’est pas une nostalgie du passé. C’est l’un des axes majeurs de la reconstruction nationale. C’est par cette dynamique que nous pouvons reconnecter le Congo au monde, sans passer par les circuits de domination et d’endettement, mais en mobilisant nos propres ressources humaines éparpillées aux quatre coins du globe.

Il est temps d’envoyer un signal fort à notre diaspora :
« Le Congo a besoin de vous. Le Congo compte sur vous. Ensemble, reprenons ce qui nous appartient. »

Mais rien ne se fera sans organisation. Rien ne se fera sans mobilisation. Ce que le système du PCT craint le plus, ce n’est pas la colère : c’est l’union. C’est notre capacité à dépasser les divisions artificielles, à reconstruire un projet collectif, à faire bloc pour une transformation réelle.

Il est temps de passer de l’indignation à l’engagement. De la plainte à la stratégie. De la peur à l’action.

Le Congo ne sera sauvé ni par l’attente ni par les illusions. Il sera sauvé par un peuple debout, lucide et résolu.

Modeste Boukadia – Le 23 avril 2025 – 10:37

jeudi 17 avril 2025

Coopération sino-congolaise : entre héritage historique et inquiétudes contemporaines

Coopération sino-congolaise : entre héritage historique et inquiétudes contemporaines


 

La coopération entre la Chine et la République du Congo, souvent présentée comme un modèle de partenariat Sud-Sud, suscite aujourd’hui de profondes interrogations. À l’heure où les défis liés au développement durable, à la souveraineté économique et à la préservation de l’environnement se posent avec acuité, l’opacité de certains engagements bilatéraux interpelle. Le peuple congolais, au cœur des enjeux, exprime de plus en plus le sentiment d’être mis à l’écart des retombées réelles de cette coopération.

Un passé de coopération pragmatique et solidaire

L’histoire des relations sino-congolaises remonte à l’époque de la présidence de l’Abbé Fulbert Youlou, dans les années 1960. Après une période de méfiance initiale — en témoigne l’ouvrage J’accuse la Chine publié par le président Fulbert Youlou — le Congo engage sous Massamba-Débat une coopération active avec la République Populaire de Chine. En 1964, les premiers projets concrets voient le jour : construction de l’usine textile de Kinsoundi, lancement de l’Office National du Commerce (OFNACOM), création de centres de santé, envoi de médecins et d’enseignants chinois, et construction de l’hôpital de Makélékélé.

Sur le plan sportif et culturel, le Stade Massamba-Débat, édifié avec l’appui de la Chine, accueille en 1965 les premiers Jeux africains d’athlétisme. Ce dynamisme se poursuit dans les décennies suivantes avec la construction du Palais des Congrès dans les années 1980, ou encore la mise en service du barrage hydroélectrique de Moukoukoulou, qui reste à ce jour l’un des ouvrages stratégiques majeurs pour l’approvisionnement électrique du sud du pays.

Ce partenariat, longtemps fondé sur une logique d’échange solidaire, a contribué à structurer des infrastructures essentielles dans les domaines de l’énergie, de la santé, de l’agriculture et de l’éducation.

Un tournant préoccupant depuis les années 2000

Toutefois, à partir des années 2000, un changement profond s’opère dans la nature de cette coopération. L’arrivée massive d’entreprises privées chinoises dans le secteur des ressources naturelles — sans toujours une régulation étatique adéquate — marque une rupture avec les principes initiaux. Cette évolution a été relevée dans plusieurs rapports, notamment ceux de Transparency International et d’Amnesty International, qui alertent sur l’absence de transparence dans les contrats miniers et forestiers en Afrique centrale.

Dans le département du Kouilou, la dégradation accélérée de la forêt du Mayombe, notamment du fait de certaines pratiques d’exploitation peu respectueuses des normes environnementales, illustre les limites d’un partenariat déséquilibré. À Pointe-Noire, la raréfaction des ressources halieutiques — en partie causée par des techniques de pêche destructrices comme le dynamitage — a des répercussions directes sur la sécurité alimentaire des populations. Ce phénomène, également observé dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, a été documenté par la Food and Agriculture Organization (FAO) des Nations unies.

La voix de la société civile et des partenaires internationaux

À l’occasion d’un déplacement à Washington, lors d’un échange organisé avec des représentants américains, la voix du président du CDRC, Modeste Boukadia, avait été remarquée pour sa lucidité sur les enjeux de cette coopération. Ce positionnement avait trouvé un écho du côté de l’administration américaine, notamment à travers une déclaration du Secrétaire d’État Rex Tillerson en 2018, appelant à une coopération « plus équilibrée, plus transparente et centrée sur les besoins des populations locales » (source : U.S. Department of State Archives).

En 2020, certains chefs d’État africains ont également exprimé — en privé — leur prudence vis-à-vis de certaines entreprises chinoises, pointant des pratiques de sous-évaluation des gisements miniers, une tendance à l’auto-exclusion dans les chantiers, et des discours discriminatoires envers les travailleurs africains.

Vers une refondation responsable de la coopération

Face à ces constats, il est légitime de poser la question suivante : quelle coopération pour quel développement ?

La déclaration du ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, affirmant que la Chine et le Congo entretiennent aujourd’hui un « partenariat stratégique global », gagnerait à être accompagnée d’un cadre rigoureux d’évaluation et de suivi des engagements. La diplomatie ne peut être réduite à des cérémonies de signature ; elle doit être fondée sur la transparence, l’intérêt mutuel et la participation citoyenne.

Le Congo, en tant qu’État souverain, se doit de protéger ses ressources naturelles, son tissu social et l’intégrité de son écosystème. Il ne s’agit pas de rompre avec la Chine, mais de redéfinir les termes d’un partenariat plus équitable, respectueux de l’environnement et inclusif pour les populations.

Conclusion : une exigence de vigilance et de souveraineté

L’ambiguïté de la coopération sino-congolaise ne relève pas seulement d’un déséquilibre économique ; elle interroge notre souveraineté, notre gouvernance et notre capacité à projeter une vision à long terme. Une suspension temporaire de certains accords pourrait être envisagée, le temps de mener un audit indépendant sur les impacts socio-économiques et environnementaux de cette coopération.

Rien ne devrait être entrepris sans consulter les communautés concernées. L’heure est venue de replacer l’humain, la nature et l’intérêt national au cœur de nos relations extérieures.

Sidonie SalabanziOttawa, le 16 avril 2025 – 12h00


samedi 12 avril 2025

Congo : Sortir des sentiers battus : Non au remake du 18 mars 1977

 

Congo : Sortir des sentiers battus : Non au remake du 18 mars 1977

12 Avril 2025, 15:52 Afrique Afrique centrale, Congo-Brazzaville CDRC Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso

Sortir des sentiers battus : Non au remake du 18 mars 1977

Sortir des sentiers battus : Non au remake du 18 mars 1977

 

Un adage bien connu nous rappelle que : « Même à un fou, on ne lui fait les poches qu’une seule fois ! »

Le Congo vit aujourd’hui dans l’angoisse et l’incertitude. Du Nord au Sud, ce sont les mêmes cris de détresse, les mêmes lamentations. La misère est devenue insoutenable, et la pauvreté, criante.

Inutile de revenir longuement sur un bilan que tout le monde connaît : le peuple congolais n’en peut plus. Ce qu’il réclame aujourd’hui, ce ne sont plus des constats mais des solutions. Des solutions qui rassemblent et non des manœuvres qui divisent davantage une nation déjà profondément meurtrie.

Autrefois, on évoquait des voies de sortie de crise : Conférence internationale sur le Congo, table ronde, main tendue, compromis politique historique ou encore, dialogue inclusif dans un pays tiers. Ces pistes ont toutes été rejetées ou discréditées par le pouvoir en place – notamment le PCT et ses affidés – dans une stratégie de fuite en avant, croyant ainsi gagner du temps. En réalité, cette posture n’a fait qu’aggraver la situation et amplifier la misère populaire et la grogne est à son paroxysme.

Que constate-t-on aujourd’hui ?

• Les puissances extérieures se détournent progressivement du système PCT, conscientes de sa fragilité. Ce régime vacille et au moindre choc il s’effondrera.

• La majorité des Congolais, revenue des guerres prétendument libératrices mais en réalité à caractère tribale et ethnique pour finir en pouvoir familial et clanique, aspire à un changement sans violence, par crainte d’en rajouter aux pertes humaines inutiles.

Face à cette réalité, plusieurs questions doivent être posées :

• Comment briser le nœud du drame congolais, fait de complicités silencieuses et de compromissions solidaires ? Car remettre en cause Denis Sassou Nguesso c’est aussi mettre à nu tout un système de responsabilités partagées et notamment, sur les violences, les abus, et les dérives insupportables dont ont été victimes des femmes, des jeunes filles et aujourd’hui, de jeunes hommes.

• Comment se libérer de la menace du chaos programmé entretenue à dessein par certains pour dissuader toute transition ? Le refrain en préparation est bien connu : « Avec Sassou, il y avait au moins la stabilité. » Pourtant, chacun sait que cette instabilité annoncée sera savamment orchestrée pour préserver un système qui n’a jamais œuvré pour l’intérêt général.

Non au remake de l’histoire tragique

Des voix s’élèvent à nouveau, prônant des scénarios déjà vécus, inspirés des désolations meurtrières du passé, qu’on entonnera pas demain, cette infamie : « Bakongo ba bomi Denis. » Pourquoi les coups de force doivent-ils toujours être fomentés depuis le Sud du pays ?

L’appel à la conscience nationale

La violence n’a jamais été et ne sera jamais la solution aux maux du Congo. Le changement par la force n’apportera que de nouveaux maîtres armés devant lesquels il faudra tout consentir au risque de nos vies, ni la paix, ni les investissements, ni les emplois, ni l’électricité, ni l’eau potable. La seule voie viable et juste, c’est celle de l’union nationale, fondée sur le dialogue, la réconciliation et la coresponsabilité.

Nous avons besoin de Congolaises et de Congolais vivants, conscients de leur rôle historique, et prêts à reconstruire la nation. Le Congo ne se fera pas sans les Congolais, et il n’appartient à aucun clan. Il est à nous tous.

Souvenons-nous du coup d’État du 5 juin 1997 et de ses conséquences dramatiques. Souvenons-nous du rôle joué par les armées étrangères venues du Zaïre (RDC), d’Angola et du Tchad, notamment dans les régions du Sud. Ce précédent, chacun doit s’en rappeler pour ne pas être complice.

Un tel scénario ne doit jamais se répéter.

Pour conclure :

Oui, nous voulons le changement. Oui, nous appelons à l’union nationale. Mais non, nous refusons l’instrumentalisation des populations, qu’elles soient du Nord ou du Sud.  Le Congo doit se reconstruire dans la tranquillité, la justice, et la responsabilité partagée. « Ni peur, ni haine, c’est là notre victoire ! »

Modeste Boukadia

11 avril 2025

 

SOURCE : https://cdrc-cg.com/2025/04/11/sortir-des-sentiers-battus-non-au-remake-du-18-mars-1977/